"TE DEUM" DU 21 JUILLET 2023 - ST REMACLE VERVIERS



 C’est au nom de M. le Doyen Stanis KANDA, empêché, que j’ai l’honneur de prendre la parole devant vous ; lui-même doit présider ce matin le Te Deum à Dolhain et il m’a mandaté pour le remplacer. J’espère m’acquitter au mieux de cette mission.

 

·      Monsieur le Bourgmestre ff,

·      Monsieur le Député provincial,

·      Madame et Messieurs les Echevins de la ville de Verviers,

·      Mes et MM les représentants de la Magistrature,

·      M. le Commissaire représentant la Direction de Coordination et d’Appui de la Police fédérale,

·      M. le Chef du Commissariat Verviers 2 représentant la Zone de police,

·      Mesdames et Messieurs les représentants des Associations Patriotiques,

·      Mesdames et Messieurs les représentants d’associations et services de la région,

·      Madame la Pasteure Heike SONNEN de l’Eglise protestante Verviers-Laoureux, qui nous quitte ce mois-ci et qui a été congratulée lors de la célébration d’au-revoir et de remerciement au Temple de Laoureux le 2 juillet dernier ; son remplaçant n’est pas encore connu,

·      Sa collègue pasteure de la communauté de Hodimont F NIMAL, qui s’est excusée ;

·      Le P. Emmanouil KARASAVIDIS et le P. Konstantinos DEDES,  ancien et nouveau Recteur de la Paroisse Orthodoxe de Verviers - le P. Emmanouil présentera tout à l’heure son successeur,

·      Chers confrères dans le sacerdoce ou le diaconat, Chers frères et sœurs dans la foi,

·      Vous tous, concitoyens de toutes obédiences ou appartenances convictionnelles, soucieux de notre pays,

Mesdames, Messieurs,


C’est un grand honneur pour moi de vous souhaiter la bienvenue à l’occasion de la célébration du Te Deum… La fête nationale, fête qui nous ouvre au « vivre ensemble » dans le respect de nos différences et de la diversité de nos convictions. Cette tradition, en alliant les représentants des forces vives de la nation, spirituelles et morales, politiques et sociales, est un symbole fort d’unité. Elle appelle aussi à une véritable solidarité et complémentarité au service de la population, autour de la figure de la monarchie.


Il y a tout juste 10 ans, le 21 juillet 2013, le prince Philippe prêtait serment comme septième roi des Belges, succédant à son père le roi Albert II qui lui remettait son trône.

À l’occasion de cet anniversaire de ses 10 ans de règne, la fête nationale aura cette année un caractère particulier d’hommage et de reconnaissance pour notre souverain qui aura eu un parcours impeccable malgré un certain doute au départ sur ses capacités ; il n’a pas cessé, au contraire, au fur et à mesure qu’il entrait dans ses fonctions, de démontrer qu’il pouvait être un roi moderne, faisant évoluer la monarchie dans un sens d’ouverture à la société pour s’adapter à notre époque, et ce dans le respect des institutions.

Il a su jouer un rôle positif dans la formation des gouvernements, ce qui représente sans doute la partie la plus difficile de sa mission royale. On l’a décrit comme un roi inspirant, qui facilite la réconciliation.

On l’a vu aussi dans notre cité de Verviers, avec la reine Mathilde, partageant la peine et le désarroi de nos concitoyens lors des inondations catastrophiques et meurtrières de juillet 2021. Son attitude de compassion et d’empathie sincère a fort touché la population (e.a. lors du recueillement à la caserne des pompiers le 20/07. Il a été attentif aussi à l’évolution de la prise en charge des victimes et de la mise en œuvre des moyens de secours et d’entraide.


Si ce début de règne n’a pas été pour le roi Philippe un long fleuve tranquille, - loin de là, avec toutes les crises qui se sont succédées : politiques, sanitaire, économique…, il a su cependant garder le cap et assumer ses fonctions avec justesse dans les limites de ses pouvoirs. Pour cela, nous le remercions, nous lui souhaitons bonne continuation de son règne, et je vous invite à un digne et cordial applaudissement !


À présent, si vous le voulez bien, recueillons-nous chacun selon sa façon de méditer ou de prier :

 

Dieu, tel que chacun se le représente, Toi qui veut le bonheur de toute créature sur la Terre, en ce jour de fête nationale, nous voulons te rendre grâces dans la sincérité de nos convictions, pour notre appartenance au peuple belge qui a choisi voici bientôt 200 ans de construire ensemble un avenir commun constitué de valeurs fondamentales de justice, de solidarité et de respect des libertés et de l’Etat de droit, dans une véritable démocratie. Nous mesurons notre chance car bien des pays ne jouissent pas de cette sécurité et de ces libertés.

Nous te remercions en particulier pour notre souverain le roi Philippe qui fête aujourd’hui sa 10ème année d’engagement au service de notre pays. Que dans la poursuite de sa mission il puisse toujours exercer ses fonctions avec force et clairvoyance, dévouement et attention à tous, spécialement les plus faibles, les moins favorisés, avec le soutien de la reine et de sa famille.


Seigneur, toi qui veilles sur le monde, nous te confions notre pays et tous ses habitants :

Que l’harmonie l’emporte sur la discorde et la désunion,

Que nous portions un regard de fierté et de joie sur toutes les avancées possibles, tout ce qui rapproche les gens et les peuples,

et que nous travaillions avec patience et détermination à ce qui nous paraît difficile, dans un monde appelé à être toujours plus respectueux de l’humain et du vivant sur notre planète.

Amen.


Déclaration de M. Frans Timmermans, vice-président socialiste néerlandais de la Commission chargé du pacte vert pour l’Europe, au Parlement Européen le 12 juillet 2023 :

 "Nous, les humains, sommes dépendants de la nature. Pour l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons – pour être en vie. Notre économie repose également sur la nature. Les crises du climat et de la biodiversité menacent la fondation même de notre vie sur Terre. Nous avons accompli des progrès dans la lutte contre la crise climatique et, aujourd’hui, [ce 12 juillet 2023], nous, [parlementaires européens], ajoutons deux nouvelles lois qui représentent un grand pas en avant pour faire face à l’écocide qui menace. En la restaurant, nous permettons à la nature de continuer à offrir un air propre, de l’eau et de la nourriture, et nous lui permettons de nous protéger des pires conséquences de la crise climatique. C’est une décision historique."

Homélie de l'abbé Bernard Pönsgen

En ce 10ème anniversaire de la prestation de serment du roi Philippe, jour de fête nationale, l’ambiance devrait être uniquement à la fête et aux réjouissances. Pourtant, nous le savons, et le roi y a fait allusion dans son discours, à l’heure actuelle l’humanité doit affronter de nombreuses menaces qui pèsent sur son avenir – et même, sa survie :

La guerre qui pourrait se généraliser à partir de conflits locaux s’étendant par le jeu des alliances et devenir incontrôlable. La menace nucléaire n’est pas inconcevable ni même improbable, de l’avis des observateurs. Une démographie mondiale qui ne cesse d’augmenter (8 Mds d’individus actuellement, mais bientôt 8,5 en 2030 et 9,7 en 2050 selon l’ONU) avec pour corollaire l’épuisement des ressources naturelles et la pollution, la dégradation de la biosphère consécutifs à l’activité humaine…, tout cela mis ensemble peut entraîner à terme de très grosses difficultés pour la sécurité alimentaire mondiale et provoquer des tensions dangereuses entre nations. Les flux migratoires de personnes fuyant les déserts économiques suivent les mêmes courbes croissantes, amenant d’autres facteurs de déstabilisation. Le défi énergétique n’est pas moins important et crucial, vu la croissance continue des besoins.


Mais la plus grande menace pour l’humanité, nous le savons, est le réchauffement climatique

Nous en avons déjà subi certaines conséquences, ici même à Verviers, il y a deux ans. Nous nous recueillons au souvenir des victimes de ces deux jours d’horreur qui ont marqué notre cité, les 14 et 15 juillet 2021.



Inondations catastrophiques, érosion accélérée des terres cultivables et glissements de terrains mortels, disparition des glaciers pourvoyeurs d’eau potable pour de nombreuses populations, montée du niveau des mers et disparition des bandes côtières, incendies de forêts dévastateurs à une échelle jamais connue, voilà ce qui a commencé à devoir être affronté – et toute la planète est concernée.

Face à cela, devant tous ces défis, des décisions politiques doivent être prises, qui ne sont pas faciles, loin de là. Et ce, à tous les niveaux de pouvoir. Ces décisions seront très probablement impopulaires, remettant en cause des modes de vie et des habitudes acquis depuis longtemps. D’autre part, elles se heurteront à des enjeux économiques et financiers. Partout déjà, des lobbys se mettent en place pour freiner ou empêcher ces prises de décision considérées comme nocives à la santé économique et mettant en danger la prospérité et la rentabilité de certains secteurs, comme l’agriculture, les transports ou l’industrie par exemple.

Or, ces secteurs seront obligés de s’adapter et de transformer leurs modes de production, si l’on veut éviter ce que les scientifiques appellent le « point de non-retour » du réchauffement climatique, les fameux 2 pour cent. Actuellement, le réchauffement est déjà de 1,5 %, et l’on voit que les conséquences sont bien plus importantes que ce que l’on avait pu imaginer.

Ainsi donc, l’heure n’est plus à l’attentisme ni au climato-scepticisme. L’avenir des générations actuelles et futures est entre nos mains, celles de tous, et spécialement des responsables politiques, économiques et sociaux. Tous doivent s’unir pour améliorer les perspectives et sauver ce qui peut l’être. Les réflexes de classe ou de caste sociale, les privilèges sociaux, les petits jeux politiques, les antagonismes et les luttes de pouvoir doivent pour une fois se taire et laisser place à une seule chose : le bien commun. Le Salut commun de toute la société et de toute l’humanité.


Précisément, et c’est là que je voulais en venir, on touche peut-être ici une des limites de la démocratie.

Outre le court-termisme politique de beaucoup d’élus qui « naviguent à vue » (et surtout la vue de leur réélection), il est très difficile, voire impossible pour un certain nombre de s’élever au-dessus des intérêts de la classe qu’ils défendent, et de soutenir des projets qui ne porteront possiblement leurs fruits que dans plusieurs décennies – surtout si ces projets vont à contre-courant des intérêts immédiats de la catégorie que ces élus représentent. C’est une vraie difficulté.

À l’heure où le monde politique est tellement décrié, vilipendé et miné par les populismes, qui oserait, même pour des motifs de conscience, prendre ouvertement position pour soutenir des choix nécessairement impopulaires ?


=>Je n’en veux pour exemple que ce qui s’est passé ce mercredi 12 juillet au Parlement européen :



L’hémicycle de Strasbourg devait voter ce jour-là un texte important pour l’avenir du continent : la loi sur la restauration de la nature, texte phare du Pacte vert de l’Union européenne.

Pour faire bref, par ce projet de loi déposé par la Commission, l'UE doit mettre en place des mesures de restauration d'ici 2030 couvrant au moins 20% de ses zones terrestres et maritimes. Il s’agit de remettre en état les terres ou les mers dégradées par la pollution, l’urbanisation ou l’agriculture intensive. Jusqu’à 70 % des sols sont en mauvaise santé. Les écosystèmes sont dans un état mauvais ou médiocre, dégradés à 80% ; et 1600 espèces vivantes européennes sont en voie de disparition, entre autres les espèces pollinisatrices. La Commission proposait également de réduire strictement l’utilisation des pesticides chimiques de 50% d’ici à 2030.

La levée de boucliers a été immédiate. Plusieurs Etats-membres ne voulaient pas de cette loi qui aurait eu un effet contraignant et un impact direct sur leur économie. (D’ailleurs la Belgique s’est abstenue de voter à la Commission, les différents ministres belges de l’Environnement n’étant pas parvenus à se mettre d’accord.) Le monde agricole s’est lui aussi fortement ému, craignant un rabotage de leurs terres et une perte de revenu.

La fracture a gagné l’ensemble de l’hémicycle, au point que lors de la mise aux voix de la première question qui portait sur la nécessité ou non de discuter le texte, c’est-à-dire d’accepter le débat sur le texte ou de le rejeter d’emblée, ce n’est qu’à une très courte majorité de 12 voix seulement, que le texte est passé en discussion. C’est déjà une version fortement édulcorée du texte initial que la présidence suédoise a présentée, un texte de compromis qui devait encore subir plusieurs centaines d’amendements avant d’être enfin approuvé, de nouveau à une courte majorité de 36 voix (336 voix pour, 300 contres et 13 abstentions). L’opposition est surtout venue du PPE et des partis conservateurs et réformistes ainsi que de l’extrême-droite. Avant d’être imposée aux Etats-membres, qui peuvent encore essayer de contourner les directives, la nouvelle loi doit encore passer devant le Conseil européen pour définir ses modalités d’applications…

 

Cet exemple me semble tout-à-fait illustratif des difficultés à venir pour tous les grands défis ou menaces collectives que les humains auront à affronter dans un avenir très proche.

Ces défis se posent à une échelle mondiale, mais chaque continent, chaque pays, chaque région, chaque collectivité, et même chaque individu porte une part de responsabilité dans les choix qui devront être faits, et les décisions à assumer. Le monde politique en porte une large part.


=> Permettre à la démocratie de s’exercer et de fonctionner « pour le bien commun », c’est aussi s’obliger à toujours expliquer, éduquer, former à la compréhension des enjeux auprès des citoyens sans escamoter la complexité du réel par une simplification abusive ; c’est refuser la démagogie et l’utilisation populiste d’intérêts particuliers de l’une ou l’autre classe ; c’est surtout avoir le courage de la vérité, et de s’imposer à soi-même d’être cohérent avec les choix de société radicaux que la survie du monde tel que nous le connaissons exige.

L’idée que l’humanité est une communauté de destin, et qu’elle fait partie du vivant auquel elle est liée et sans lequel elle ne peut exister, cette idée est aussi inscrite profondément dans le christianisme. Le Pape François l’a développée jusque dans ses conséquences, dans l’encyclique Laudato Si qui est aujourd’hui pour un grand nombre de gens un guide de réflexion pour entreprendre cette transition vers un monde qui ne s’autodétruise plus mais soit en chemin vers une écologie intégrale et intégrée dans l’humain.

Le Christ lui-même a exprimé cette solidarité essentielle en retournant et prolongeant le précepte ancien : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » par « Ce que tu veux que les hommes te fassent, fais-le d’abord toi-même pour eux. » (Mt 7,12) – qu’ on a appelé la Règle d’Or.

On trouve cela aussi bien sûr dans d’autres traditions religieuses ou philosophiques qui prônent en général le respect du vivant et une éthique de réciprocité : par exemple,

·        Dans le Bouddhisme : « Ne blesse pas les autres de manière que tu trouverais toi-même blessante. » – Udana-Varga 5:18 (environ 500 av. J.-C.) ;

 

·        Le Confucianisme : « Ce que tu ne souhaites pas pour toi, ne l'étends pas aux autres. » 

(environ 551 - 479 av. J.-C.) ;

 

·        L’Islam : « Aucun d'entre vous ne croit vraiment tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. », Hadîth 13 de al-Nawawi - Mahomet (570 - 632 ap JC).

 

·        Et, de même, dans l’humanisme athée : La règle d’empathie de Hans Reiner  (1896-1991), philosophe allemand : « Ce que tu redoutes ne le fais pas à autrui ; ce que tu désires qu'il te soit fait, fais-le toi-même pour les autres » ;

 

Evidemment, ce serait si simple… 

 

…Ne serions-nous pas encore souvent comme Pilate, qui voit les faits, mais au moment où il doit juger, prendre une décision, se lave les mains et dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18,38)


Jean 28-38 

 

Alors on emmène Jésus au Prétoire. C’était le matin.

Pilate sortit à leur rencontre et demanda :

« Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »

Ils lui répondirent :

« S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne t’aurions pas livré cet homme. »

Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi. »

Les Juifs lui dirent : « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. »

Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit :

« Es-tu le roi des Juifs ? »

Jésus lui demanda :

« Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »

Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ?

Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »

Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ;

si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »

Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? »

Jésus répondit :

« C’est toi-même qui dis que je suis roi.

Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? »