EDITO OCTOBRE
2022 : « Se calfeutrer ou s’assoir à
table ? »
L’automne
est à nos portes, et avec la hausse vertigineuse des prix de l’énergie, les
gens se précipitent pour isoler leur maison, colmater les fuites caloriques,
installer des panneaux photovoltaïques et retarder le moment où il faudra bien
ouvrir les radiateurs… L’éco-anxiété gagne de plus en plus de personnes,
inquiètes de l’avenir de leurs enfants dans un monde incertain. On se calfeutre
chez soi.
Dans
ce contexte, le Seigneur n’aurait-il pas quelque chose à nous dire ? Je suis frappé par le fait que dans nos régions, nos communautés,
si peu de gens cherchent à écouter la voix de Dieu – sa Parole – pour trouver
un sens et une direction à leur vie. Oh, on se lamente bien un peu sur la désaffection
croissante des églises (qui elles aussi deviendront bientôt impossibles à
chauffer) : de moins en moins d’enfants sont catéchisés, les chaises vides
occupent désormais l’essentiel de l’espace, et les bénévoles trop peu nombreux
se demandent qui va leur succéder quand ils ne seront plus là…
Ces
questionnements, bien des responsables de communautés les portent depuis des
décennies. On pense trouver des voies dans de nouveaux modes de fonctionnement
de l’Eglise (la « synodalité », quel nom barbare !),
efforts lourds et difficiles qui risquent de n’être qu’un gadget de plus pour
occuper des réunions interminables… En attendant, on fait tout pour essayer d’y
croire et de mettre en place ces changements attendus. Sans compter que cela ne
manquera pas de diviser les fidèles entre ceux qui veulent avancer et ceux qui
veulent conserver le peu qui reste en bougeant le moins possible.
Mais
si l’essentiel était ailleurs ? « Si
le Seigneur ne bâtit pas la maison, en vain travaillent les maçons »
(psaume 126,1). La conversion des structures et des modes de participation dans
l’Eglise ne peut pas précéder celle des croyants eux-mêmes. Sinon, de
quelles coquilles vides hériterons-nous encore ? Se mettre à l’écoute de
l’Esprit qui parle aux Eglises (cf Apoc 2,7) demande une longue et patiente
fréquentation de la Parole de Dieu, au point de se laisser imprégner et
transformer par elle. En sommes-nous capables ?
Je viens
de me procurer le livre d’un confrère prêtre et ami, ancien curé-doyen de
Malmedy, l’abbé Henri Bastin : « La Parole de Dieu autour de la
table » (LICAP, 2022). Il contient les témoignages des chrétiens qui
vivent depuis une vingtaine d’années ces parcours de partage de la Parole,
autour de tables qui se sont multipliées au fil du temps dans tous les villages
et hameaux de Malmedy. Ces parcours appelés « lectio divina »
sont une démarche d’écoute profonde de la Parole de Dieu dans les textes
bibliques, vécue communautairement en petits groupes, selon une méthode simple
et pratique qui ne nécessite aucune connaissance théologique savante mais
incite à la prière et à l’échange de vie. Cette pratique a tellement porté des
fruits de foi renouvelée, d’amour concret et d’espérance agissante, que l’abbé
Bastin et son équipe en ont fait la pierre de touche pour refonder complètement
la pastorale communautaire, catéchétique, liturgique et missionnaire. Oserai-je
le dire : j’en ai été très impressionné, témoin moi-même des bienfaits de
ces « tables de la Parole » que je pratique également depuis des
années avec quelques chrétiens assidus. Souvent, l’évangélisation procède
naturellement de ces rencontres fraternelles.
Ne
serait-ce pas là une voie d’avenir, une voie
royale, pour retrouver ce goût, cette faim de Dieu et de sa Parole, qui nous
fait tellement défaut aujourd’hui ? Les premiers chrétiens, comme leurs
frères juifs, se retrouvaient autour des Ecritures pour les étudier, les
commenter… et se constituer en petites communautés de table - « Ta Parole, une lampe sur mes pas, une
lumière sur ma route » (Ps 118,105). Ensuite, ils rompaient le pain
entre eux. Nous avons la chance d’avoir déjà deux groupes de lectio divina
constitués dans notre unité pastorale : l’un se réunit le 2ème
mardi du mois à 17h dans la chapelle de l’église St-Laurent, l’autre, le 4ème
vendredi du mois à 14h dans la chapelle de l’église St Fiacre. Ces rencontres
durent une heure. Si vous souhaitez nous rejoindre, ou si vous êtes intéressé-e
mais pour un autre créneau horaire, n’hésitez pas à contacter Jean Luc
Alexandre (0496/71.38.93), Bernard Boudron (0498/24.84.78) ou moi-même
(0493/50.53.18). Vous serez accueilli-e avec joie !
Votre curé Bernard P.