Réflexions autour de la célébration de l'Assomption

Un point extrêmement positif, en ce jeudi de l'Assemption: l'église Saint Jean Baptiste, à Mont-Dison, était pratiquement pleine, et l'assistance rassemblait des représentantes et des représentants de toutes les paroisses qui composent notre unité pastorale. Pour un peu, on se serait replongé dans des temps plus anciens, où les agriculteurs s'abstenaient de moissonner le jour de la fête de Marie, même si, certaines années, le soleil brillait ce jour-là, après plusieurs jours de pluie qui les avaient empêchés d'entamer la récolte.

La mère a été célébrée. Mais Marie n'a-t-elle pas été au-delà de ce rôle?

La célébration, elle,  a été des plus classiques. Elle a permis à notre curé, Freddy Matongo, de souhaiter une bonne fête à toutes les «Marie», sous toutes déclinaisons, présentes dans l'église. Elle a célébré le rôle de mère de la Vierge. Et dans les intentions, on a noté la prière pour «les religieuses et les moniales, sentinelles de la foi».

Et c'est là qu'un manque m'est apparu. Bien sûr, ces prières étaient appropriées. Mais pourquoi ne pas avoir mentionné toutes les femmes actives dans notre unité pastorale? Celles qui se dévouent dans les équipes-relais, ou au service de l'unité pastorale? Les catéchèses qui s'occupent des enfants qui préparent leur première communion, ou leur profession de foi? Les femmes qui préparent les églises pour les cérémonies de mariage ou pour les funérailles, parfois les deux le même jour, au point qu'elles s'abstiennent de rentrer prendre leur repas de midi?

Oser le changement!

Plus fondamentalement, la célébration de l'Assomption, conclue avec les annonces relatives à la prochaine visite du Pape en Belgique, à la fin septembre, auraient pu aller plus loin.
Les protestants ont depuis longtemps choisi de confier leurs paroisses à des femmes: l'une d'entre elles et toujours en fonction, tandis que le temple de la rue Laoureux est toujours dans l'attente d'un successeur, homme ou femme, à la pasteure qui l'a quitté l'an dernier.
Les anglicans, eux, sont allés encore plus loin, puisque des évêques femmes sont entrées en fonction, il y a plusieurs année déjà.
Chez nous, malheureusement, en Flandre, c'est à la justice qu'une femme a dû s'adresser, parce qu'on lui refusait l'accès au diaconat. Le jugement n'est pas encore tombé, mais n'aurait-on pas été mieux inspiré de lui reconnaître le droit d'accès à la fonction?
Les évêques allemands, eux qui coexistent avec des protestants dans leur pays, ont réclamé la possibilité pour les femmes qui le désirent d'être ordonnées prêtres, en même temps qu'ils postulaient la bénédiction d'union entre personnes de même sexe, et l'accès aux sacrements pour les couples divorcés remariés.
Sur ces derniers points, les évêques flamands ont formulé la même revendication, en soulignant que la bénédiction d'une union pour les couples qui la réclament n'équivaut pas au sacrement du mariage...
Le pape François n'a pas (encore?) accédé à ces demandes, en objectant que toute l'Église doit avancer au même rythme, et que, dans certains pays ou sur certains continents, on n'est peut-être pas encore prêt à accepter pareille évolution.
Un ouvrage qui plonge dans les coulisses du Vatican

Et pourtant... le pape lui-même fait face à la curie romaine et à la fronde des catholiques les plus conservateurs (j'allais écrire: les plus intégristes) pour ouvrir et féminiser l'Église, comme le décrit le journaliste catalan Vincens Lozano, correspondant au Vatican, dans un ouvrage richement documenté, intitulé «Vaticangate».
On y apprend ainsi qu'en 2020, le pape argentin a nommé une Italienne de 77 ans, Francisca Di Giovanni, spécialiste en jurisprudence et en droit international, sous-secrétaire aux affaires multilatérales de la section pour les relations avec les États de la secrétairerie d'État vaticane.
«C'est la première fois qu'une femme occupe un poste de direction à la Secrétairerie d'État. Le Saint Père a pris une décision novatrice qui, au-delà de ma personne, représente un signal d'attention envers les femmes» a-t-elle commenté.
En février 2021, la religieuse française Nathalie Becquart a été nommée sous-secrétaire au synode des évêques. Une fonction dotée du droit de vote!
Trois autres femmes ont été nommées au Dicastère des évêques, avec le pouvoir de soumettre au Pape les candidats susceptibles d'être nommés à la tête de diocèses.
«Chaque fois qu'une femme vient travailler au Vatican, les choses s'améliorent» a commenté le Pape François. « Une société qui ne donne pas aux femmes les mêmes droits et les mêmes opportunités qu'aux hommes s'appauvrit. Les femmes sont un cadeau»
Le message semble aller dans le sens des demandes des évêques allemands, qui devront sans doute encore un peu patienter. Mais puisque le Pape sera en visite dans notre pays en septembre, ne pourrions-nous pas faire preuve d'un peu plus d'audace, d'oser le changement, même et surtout quand on célèbre l'Assomption?