Une « messe de la création » dans notre u.p. du Sacré-Cœur :
hymne à la beauté – louange au Créateur et
appel à la guérison du cœur pour la sauvegarde du vivant
Le week-end dernier, à l'instigation du service de la Transition écologique du diocèse de Liège et de l'équipe pastorale de notre unité du Sacré-Coeur, dans quatre de nos églises eut lieu une Messe de la Création, dédiée à la préservation de la nature et du vivant, don de Dieu confié à la responsabilité de l'homme qui en fait partie.
Une décoration particulièrement appréciée et des chants adaptés au thème ont enchanté ce beau moment de communion et de prière. Merci à toutes celles et tous ceux qui se sont décarcassés pour l'embellir et le rendre vivant et inspirant !
Cette célébration inspirée du livret oecuménique du Temps de la Création 2023 a été émaillée de textes émanant de plusieurs sources spirituelles du monde entier (amérindiennes, évangéliques de Johannesburg, diaconesses de Reuilly, etc.) et bien sûr de la Bible, en particulier l'extrait du livre d'Amos d'où est extraite la phrase-thème de cette année : "Que le droit jaillisse comme les eaux, et la justice comme un fleuve puissant".
Dans la ligne du message du pape François, le célébrant faisait ainsi le lien entre la sauvegarde de la création et la pratique de la Justice sans laquelle tous les efforts seraient vains et le monde créé ne connaîtrait pas de paix. Nous sommes donc toutes et tous, individuellement et collectivement, invités à une conversion pour "transformer nos coeurs, nos modes de vie, et les politiques publiques qui régissent nos sociétés" (pape François).
Vous trouverez ci-dessous quelques photos de l'événement et l'homélie-éditorial de notre curé Bernard. Ainsi qu'il l'a souligné dans sa conclusion : Le mois de la création se termine, le temps pour la création continue !
EDITO
OCTOBRE 2023 (HOMELIE POUR LA ’’MESSE DE
LA CREATION’’ – 1/10/23)
Le « Temps de la Création » qui a débuté le 1er septembre, journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, se termine donc ce 4 octobre, fête de saint François d’Assise, patron de l’écologie chrétienne. Un mois pour réfléchir individuellement et collectivement en Eglise, à la place de l’homme dans la création ; un mois pour agir aussi, et prendre soin de cette création si précieuse qui est don de Dieu.
En avons-nous tiré parti ? Entre
le fatalisme (« de toutes façons, on ne peut rien y faire ;
mes petits efforts personnels sont une goutte d’eau qui ne peut éteindre
l’incendie qui ravage la planète »), et l’indifférence (« bof,
c’est pas mon problème) ou encore l’individualisme (qu’on
s’en prenne plutôt aux autres, les vrais pollueurs ») – ajoutons-y
aussi le « tout-va-très-bien-madame-la-marquise » des optimistes
béats ou climatosceptiques, beaucoup de chrétiens, même de bonne volonté,
sont tentés de laisser tomber les bras et de rester là, sans agir, à contempler
les désastres qui se multiplient…
Pas besoin d’être grand clerc pour
constater que la planète va très mal. L’empreinte de l’activité humaine a
dépassé les seuils du tolérable pour les écosystèmes fragiles dont les
équilibres sont fortement perturbés, d’où les pics de chaleur ou d’humidité,
entraînant méga-incendies par ci, inondations catastrophiques par là, perte
colossale de la biodiversité avec extinction des espèces vivantes… Des morts
qui se comptent déjà par milliers, des déplacements massifs de populations
cherchant refuge dans les zones plus tempérées.
Et ce n’est que le début des
conséquences de la modification du climat, laquelle risque d’être irréversible
avec effet exponentiel s’il n’y a pas de changement radical dans notre
manière de vivre et de consommer. Le pape François dit avec force qu’il
faut arrêter « cette guerre insensée menée par l’homme contre la
création », et pour cela, « transformer nos cœurs, nos modes de vie,
et les politiques publiques qui régissent nos sociétés ».
J’ai parlé du désastre écologique qui
s’annonce (ou qui est déjà en train de se réaliser) - pour le nier il
faudrait être totalement aveugle ou fou, sans cesse les journaux télévisés nous
en montrent les effets partout sur la planète et on n’a pas oublié chez nous,
bien sûr, l’inondation catastrophique de juillet 2021; mais ce n’est peut-être
pas le plus grand malheur pour l’humanité : le plus grand désastre,
à mon avis, il est d’abord spirituel. Le cœur de l’homme, avide
de profiter des biens, du confort et du plaisir qu’offre la société de
consommation, se détournant de Dieu, s’est endurci et a rompu l’alliance
noachique (de Noé) avec la création. L’homme s’est tellement dé-naturé, au sens
originel du terme, qu’il ne sait plus vivre en harmonie avec la nature qu’il
considère juste comme un réservoir de ressources à utiliser. Il ne se souvient
plus qu’il fait partie du Vivant, une espèce parmi toutes les autres, animales
et végétales, de cette biosphère où tout est interdépendant, avec les vents, le
soleil, les océans et les fleuves…
La puissance technologique
extraordinaire développée par l’homme et qui est devenue énorme en un siècle à
peine l’a conduit à se sentir tout-puissant et à jouer à
l’apprenti-sorcier ! – La puissance sans la sagesse mène souvent à la
destruction et au désastre, c’est bien ce qui se passe aujourd’hui.
Quelques-uns diront peut-être :
« Mais qu’est-ce que ces discours écologistes ont à voir avec la
religion ? La religion, n’est-ce pas d’abord et exclusivement le culte et
la charité ? » Eh bien non !
Même le terme ‘religion’ vient du latin re-legare, relier, mettre
ensemble. En se coupant de la création, l’homme détruit ces liens essentiels
qui l’unissent aussi bien à ses semblables qu’à Dieu. Dieu a mis l’homme au
milieu de la création pour qu’il en soit responsable et la gère avec sagesse
(cf Genèse 1).
Et s’il faut aujourd’hui sauver la
création, protéger le Vivant et la nature toute entière, la solution, elle
est d’abord -je dirais même, principalement- spirituelle : Il faut
retrouver ses « racines » pour communier avec la nature, en
s’éloignant autant que possible de tout ce qui nous rend dépendant et esclave
de ce monde artificiel. C’est aussi une question de justice, comme le crie
avec force le prophète Amos (cité dans le thème de cette année), car la
production de ces biens se fait très souvent au détriment de populations
exploitées économiquement et au prix de violences politiques que nous tolérons
en fermant les yeux.
Bien sûr, il y a quantité de choses qui
nous facilitent la vie et dont nous ne pourrions plus nous passer aujourd’hui
qu’avec grande difficulté, ce n’est pas de celles-là que je parle, il ne s’agit
pas de retourner à l’âge des cavernes ; mais est-ce qu’il n’y a pas aussi
dans notre façon de vivre et de consommer plein de choses qui sont franchement
superflues et qui ont un coût écologique que nous pourrions éviter ? En
plus de faire du bien à notre portefeuille, nous ferions du bien à la planète –
et en même temps, à notre âme, plus libre, plus disponible pour aimer –
prier – admirer la nature – louer le Créateur ! Ce que l’on appelle aujourd’hui « la
sobriété heureuse ». Pourquoi n’essayerions-nous pas ?
« Voici que je fais une chose
nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je fais
passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. » (Is
43,19). Oui, que toutes
les petites gouttes de nos efforts rassemblés finissent avec la grâce de Dieu
par former un fleuve puissant qui ramène la Vie et l’Harmonie, la Sagesse et la
Justice dans les déserts de notre monde si souvent tenté par la folie.
Le Mois de la Création se termine, le
temps pour la création continue… avec vous ?
Fraternellement, votre curé Bernard