C'est avec une joie certaine que se sont retrouvés ce vendredi 16 juin au monument du Sacré-Coeur une cinquantaine de pèlerins venus de différents endroits du doyenné et bien sûr de Dison. Parmi le clergé, outre notre curé Bernard, étaient présents le vicaire Ponpon, les diacres Jean Luc et Bernard, et même notre doyen Stanis qui nous avait fait l'honneur de venir assister à la célébration. Trois acolytes rehaussaient celle-ci par leur service empressé. L'animation musicale était assurée par Stéphan, la décoration par nos artistes Myriam, Marleen et Marie-Jeanne ainsi que Karin. Le nettoyage du site (qui en avait bien besoin) a été réalisé par Charlotte et une autre personne.
Le beau temps était de la partie, et les participants n'auraient certainement pas voulu oublier ce rendez-vous qui est une tradition bien implantée depuis la fin de la guerre 14-18, date à laquelle la construction du monument au Sacré-Coeur a été décidée en reconnaissance par la population pour avoir été épargnée.
Cette année, en plus de la guerre qui sévit en Ukraine, nous avons voulu porter dans le Coeur ouvert de Jésus les souffrances que vivent tant de familles déchirées, et aussi celle des gens dans le monde entier qui souffrent d'exploitation et d'injustice. La colère de la Terre violentée a été aussi évoquée. Bien sûr, les intentions personnelles des participants et celles de nos communautés paroissiales (l'UP du sacré-Coeur) ont été aussi déposées dans ce Coeur qui a tant aimé le monde.
Sous ce petit compte-rendu vous trouverez l'homélie de notre curé. Et vivement l'an prochain, encore plus nombreux s'il plaît à Dieu !
HOMELIE DU CURE BERNARD POUR LA FÊTE DU SACRE-COEUR
Chers frères et sœurs
en Christ et en humanité,
La présente
célébration est une messe votive au Sacré-Cœur de Jésus. Alors, je voudrais
d’abord vous dire que ce n’est pas une simple dévotion, comme on a une dévotion
envers tel ou tel saint… : C’est une célébration à considérer comme un
grand moment d’Espérance pour nous et pour le monde.
L’Évangile est
vraiment une bonne nouvelle, un trésor qui pourtant reste caché aux soi-disant
sages, aux prétentieux bornés et aux orgueilleux sans bornes dans notre monde.
Par contre, et c’est ce
qui fait exulter Jésus, c’est que l’Évangile est révélé aux tout-petits,
c’est-à-dire aux humbles de la Terre : ceux qui savent prendre leur juste place
dans l’univers. En effet, ceux-là reconnaissent qu’ils sont créatures de Dieu
et par conséquent, ils se réfèrent constamment et humblement à leur Créateur.
C’est cette disposition-là qui nous fait adorer le Cœur divin de Jésus.
Le Sacré-Cœur de
Jésus… Dans l’Evangile de Jean, Jésus nous a invités à demeurer en lui, et
donc à demeurer dans son Cœur. Et, demeurer dans un cœur, est certes source
de repos et de paix ; mais demeurer dans un cœur est aussi
inconfortable ! Parce qu’un cœur est toujours en mouvement. Sans
arrêt. Et demeurer dans le Cœur de Jésus, c’est être aspiré vers l’intimité de
l’amour trinitaire, mais c’est aussi être envoyé, expulsé par ce Cœur vers le monde.
Déjà dans la première
lecture, nous avons entendu comment Dieu s’est révélé à Moïse comme un Dieu de
miséricorde. Le Dieu de l’Ancien Testament se révèle déjà comme un Dieu de
miséricorde. Mais que dire, que dire lorsque l’amour de Dieu habite
personnellement un cœur humain ? Le Cœur de Jésus est le Cœur humain
de Dieu ; et dans le Cœur de Jésus nous trouvons une miséricorde
comme on ne peut la trouver nulle part ailleurs.
Et nous avons entendu
saint Jean – Jean qui à la Cène avait la tête appuyée sur le Cœur de Jésus, nous
l’avons entendu nous résumer le cœur – le centre de la Révélation de la
Bonne Nouvelle : « Voici comment l’amour de Dieu s’est
manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour
que nous vivions par Lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas
nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous a aimés, et il a envoyé son
Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. »
Page brûlante,
fulgurante ! …Les habitués ne le remarquent peut-être plus… mais ceux qui
viennent pour la première fois cherchant parfois un endroit où pique-niquer ou
qui passent sur l’autoroute en observant le paysage, découvrent avec
étonnement cette gigantesque statue qui n’est pas sans rappeler le Christ
du Corcovado à Rio.
Le Christ est
représenté dans toute sa stature, les bras grands ouverts. C’est que
ceux qui ont voulu l’érection de ce monument ont voulu exprimer dans la pierre,
cette effigie de pierre, en quelque sorte, l’attitude de Dieu
telle que le Christ nous l’a manifestée dans les Evangiles par toute sa vie :
l’attitude de Dieu qui voit le mal que font les hommes et qui pourtant ne
laisse pas libre cours à sa colère, mais qui au contraire ouvre les bras aux
hommes pour qu’ils reviennent vers Lui et changent leur cœur…
Nous vivons à une
époque très difficile, une époque de colère. C’est là que je vois,
frères et sœurs, que le message du Sacré-Cœur est très actuel pour notre temps.
La colère, elle est partout : entre les nations, celles qui se font
la guerre comme la Russie et l’Ukraine, une guerre sans pitié et sans
pardon… Dans les familles fragilisées d’aujourd’hui, où souvent la
violence et la colère l’emportent sur la recherche de dialogue et l’écoute de
l‘autre… Dans nos milieux de travail, où les rapports de force
déshumanisants, les intérêts économiques pris seuls en compte, les abus de
pouvoir engendrent de la colère et cassent les relations sociales… On peut
allonger la liste indéfiniment. Nos communautés chrétiennes elles
non plus ne sont pas toujours épargnées par la colère : des rancœurs et
des méfiances provenant de blessures non apaisées, de maladresses dans les
attitudes et du manque d’humilité de certains responsables… Colère provenant
aussi du sentiment d’être abandonnés ou trahis par ceux en qui on avait placé
sa confiance…
Et je ne peux
m’empêcher de penser aussi à la colère de la Terre, notre mère la
Terre qui souffre partout du mal que lui font les hommes et qui se révolte
aujourd’hui, au travers du dérèglement climatique et de ses conséquences…
Face à toute cette
colère – cet océan de colère où il fait lui-même souvent figure d’accusé, Dieu
n’a qu’une réponse : celle qui est devant nous. Cette
image du Christ ouvrant les bras pour accueillir le monde entier et sa colère,
et la prendre dans sa miséricorde en la clouant avec lui sur la croix. Jésus a
accepté que son Cœur soit transpercé par la colère des hommes pour que puisse
en jaillir la source du pardon avec l’eau et le sang.
Seule la Miséricorde
divine peut guérir le monde de son péché et de sa colère, et transformer les
relations blessées par la grâce de l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour que
reçoivent tous ceux qui demeurent dans le Cœur de Dieu. Il nous appartient,
à notre génération de chrétiens, de disciples du Christ, de manifester par
notre vie que la Miséricorde de Dieu est toujours là, agissant et guérissant
les blessures de la colère, et à leur transmettre l’invitation du Seigneur qui
dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du
fardeau, et moi je vous procurerai le repos de l’âme ». Nous ne
pouvons pas nous dispenser de ce devoir, cette mission. Soyons des apôtres
de la Miséricorde pour notre temps !
Je voudrais vous
inviter pour finir, mes frères et mes sœurs, à vous tourner vers ce Cœur de
Jésus, qui est ouvert pour nous en permanence en ce lieu, mais qui nous est
ouvert en chaque Eucharistie que nous célébrons. Si vous voulez bien, disons
ensemble la prière qui est inscrite sur l’encart en pensant à tout ce qui
sépare les hommes les uns des autres, et les coupe de la Source de l’amour (c-à-d=de
Dieu) :
Prière
au Cœur sacré de Jésus
« Cœur sacré de Jésus, tu es un cœur humain. Comme le nôtre. Tu nous comprends de l’intérieur. Rien de ce qui est humain t’est étranger. Je t’offre donc tout ce qui vit dans mon propre cœur, mes espérances et mes déceptions, mes réussites et mes échecs, mes joies et mes peines. Ma colère aussi quand je ne suis pas compris ou respecté. Tout cela, je le remets dans ton cœur aujourd’hui, avec la certitude que tu me comprends.
« Cœur sacré de
Jésus, tu es le cœur humain de Dieu. Mais tu es aussi ‘mon Seigneur et mon
Dieu’ ; c’est toi qui as créé mon cœur et chaque pulsation de mon cœur
vient du tien. C’est toi qui m’as voulu avant même la création du monde ;
c’est toi qui me portes à chaque instant, qui m’accompagnes durant toute ma
vie, et qui m’attends pour l’éternité. Tu es un Cœur divin, et là où tout autre
cœur me fera défaut, Toi, tu seras présent. Je t’offre aujourd’hui mon
existence pour le temps et pour l’éternité – car tu es mon Dieu !
« Cœur sacré de
Jésus, tu es un cœur qui est à jamais blessé. Tous les péchés du monde à
commencer par les miens sont gravés en Toi. Toute détresse humaine habite cette
plaie qui t’a transpercé. Et à travers cette plaie ouverte, je peux aujourd’hui
vider mon cœur dans le Tien - je vide tout en Toi, dans cette confiance que je
ne recevrai de Toi d’autre vengeance qu’une nouvelle Source d’eau et de sang
pour me purifier et me renouveler.
« Cœur sacré de
Jésus, tu es un cœur ressuscité, tu as traversé toutes nos impasses, tu as
vaincu le double mur de l’égoïsme et de la mort. Et tu bats, majestueusement,
royalement, le rythme d’un monde nouveau rempli de gloire, submergé d’amour.
Avec ma propre vie, je t’offre la destinée ultime de l’humanité et l’avenir de
l’Eglise – de l’Eglise en Belgique et de l’Eglise dans le monde entier ;
que tout soit finalement rassemblé dans ton cœur, afin que par Toi, Cœur de
Jésus, dans le feu de l’Esprit, Dieu notre Père soit bientôt tout en tous.
Amen. »