EDITORIAL MARS 2023

 Recevoir la Parole dans le silence


Nous voici en Carême ! Et d’emblée nous est adressée cette parole qui est en même temps une interpellation : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4)

Comment est-ce que je reçois la Parole de Dieu ? Comme une nourriture dont j’ai faim, une nourriture indispensable ? Si c’était le cas, il me faudrait la mâcher longuement, consciencieusement, pour qu’elle exprime toute sa vitalité, sa force de transformation, et qu’en l’assimilant, en me laissant habiter par elle, je puisse réellement grandir dans la Foi, dans l’Espérance et dans l’Amour…

Reconnaissons que bien peu souvent, nous prenons le temps de la méditer ; presque aussitôt qu’elle a frappé nos oreilles au cours de la liturgie dominicale, nous l’avons déjà oubliée ! Notre esprit est pris par autre chose, par ces milliards de sollicitations et ces pensées parasites qui recouvrent et escamotent le Message divin.

Le mois passé, j’avais consacré mon éditorial à cette question : « Pourquoi est-ce si difficile de comprendre la Bible ? » ; et j’avais suggéré que peut-être, nous n’en prenions pas assez les moyens pour nous aider dans ce travail. L’Evangile de ce premier dimanche de Carême nous indique sans détour la condition ESSENTIELLE pour accueillir et comprendre la Parole : Jésus est conduit par l’Esprit au désert. C’est là qu’il veut faire le point sur sa relation avec son Père et se préparer à faire ce que le Père lui demande. 

Donc, il va au désert pour méditer la Parole dans un entretien d’amour et de confiance filiale avec Dieu son Père. Et là, comme nous, il devra affronter les pensées parasites (les tentations) qui essayent de détourner la Parole pour se servir d’elles à son seul avantage ; en effet, le Tentateur se sert lui aussi des textes de l’Ecriture en les manipulant (ce que nous faisons quelquefois à notre insu). Mais dans ce combat, Jésus qui est enraciné dans l’obéissance amoureuse au Père et à sa Parole divine, aidé par l’Esprit, redonne à cette Parole son véritable sens : « C’est le Seigneur ton Dieu seul que tu adoreras ! » (Mt 4,10).

La Parole de Dieu est TOUJOURS à recevoir dans un dialogue d’amour avec le Seigneur. Sinon, les pensées parasites (les tentations) nous détourneront toujours de cette attitude d’humilité et d’accueil indispensable, empêchant cette Parole d’entrer dans notre cœur profond et d’y faire son œuvre. Donc, AVANT de recevoir la Parole, il est indispensable de se mettre en prière. Et, en la recevant, je demande à l’Esprit Saint d’enlever tout obstacle en moi pour qu’elle puisse me travailler « jusqu’aux moëlles de mes os » (cf He 4,12).

Le mot de cette 1ère semaine du Carême est « DESERT ». N’est-ce pas une invitation à faire silence, extérieurement et intérieurement, en supprimant autant que possible toute source de bruit parasite ? Nous sommes tellement assaillis ! Alors, si nous éteignons la radio, les gsm…, si nous nous retirons dans un endroit calme, dans ce moment choisi de silence et de solitude (habitée !) il nous est loisible de nous mettre en présence de la Parole, celle que nous adresse le Seigneur dans la liturgie (la feuille dominicale, le ‘Prions en Eglise’…) ou en ouvrant la Bible pour une lecture amoureuse personnelle. Ne nous contentons pas de l’entendre une simple fois à la messe. Reprenons-là, mâchons-la, et surtout prions-la ! Soyons certains qu’ainsi, elle ne manquera pas de porter son fruit… « Ainsi en est-il de ma Parole qui sort de ma bouche : Elle ne me revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée. » (Isaïe 55,11)

« Seigneur, avec toi, nous irons au désert, poussés comme toi par l’Esprit. Et nous mangerons la Parole de Dieu, Et nous choisirons notre Dieu, Et nous fêterons notre Pâque au désert : Nous vivrons le désert, avec toi ! » (G 229, Jean Servel – Joseph Gelineau)

Bon Carême !  Curé Bernard Pönsgen