Les
vacances d’été sont généralement le moment propice aux changements de mission
et aux nominations dans le clergé diocésain. Cette année, pas moins de quatre
évêques des différents diocèses francophones du pays, atteints par la limite
d’âge de 75 ans, ont remis leur démission au Pape François et devront être
remplacés. Il s’agit de Mgr Harpigny pour le diocèse de Tournai, Mgr Warin pour
le diocèse de Namur, Mgr Hudsyn pour le diocèse du Brabant wallon, et
l’archevêque de Malines-Bruxelles, le cardinal Jozef De Kesel. Notre évêque liégeois,
Jean-Pierre Delville, lui, n’est âgé “que” de 72 ans, et peut donc rester en
place jusqu’en 2026.
Le
choix d’un évêque n’est assurément pas quelque chose de facile. C’est même un
problème de plus en plus épineux. Contrairement à ce que certains pourraient
penser, ce n’est pas une distinction honorifique pour récompenser des prêtres
qui ont de bons états de service et sont méritants. La tâche d’un évêque est
très difficile aujourd’hui sans doute plus encore qu’auparavant, même assisté d’une
multitude de collaborateurs et de services ou vicariats. Il doit bien sûr aussi
être aussi pieux que moralement irréprochable comme le souligne saint Paul dans
sa lettre à Tite. Le poids des responsabilités qu’il doit endosser et la charge
des attentes immenses et parfois démesurées que l’on peut avoir aujourd’hui
d’un évêque, dans un contexte de déchristianisation avancée, font que les
profils souhaités ne courent pas les rues…
Qu’attend-t-on
d’un évêque aujourd’hui ? “Ceux qui, selon la bonne
théologie catholique, sont les successeurs des Apôtres, ont vu leur rôle encore
mis en avant par le Concile Vatican II. Un évêque doit à la fois être le
responsable d’un territoire, administrateur de la structure diocésaine, manager
du clergé local, enseignant de la Foi, promoteur de la synodalité,
interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, collaborateur de la justice
civile et référent de la justice canonique, sans oublier d’être, si possible,
un pasteur proche des gens, un bon prédicateur et à l’écoute de tous…”
(Aymeric Christensen, sur RCF). Pas évident ! De plus, outre les qualités
humaines et spirituelles nécessaires à l’exercice de sa mission, l’évêque doit
avoir une vision pour son diocèse, afin de tracer des voies d’avenir en lien
avec l’Eglise universelle qu’il représente.
La
tâche du nonce apostolique, Mgr Coppola (le nouvel “ambassadeur” du Vatican
récemment nommé pour notre pays), sera donc particulièrement ardue. C’est lui
qui en effet est chargé de consulter dans chaque diocèse les principales
instances responsables, clercs et laïcs, afin d’établir des profils de
candidats qui correspondent aux besoins particuliers d’un diocèse, et ensuite,
de présenter au Pape, pour chaque futur siège épiscopal, trois noms, avec pour chacun un
dossier le plus exhaustif possible. C’est au Pape qu’il revient alors de
choisir parmi les trois candidats celui qui sera le futur évêque une fois
ordonné en tant que tel. Cette procédure prend pas mal de temps ; l’évêque
démissionnaire reste en place (en “affaires courantes”) jusqu’à ce que son
remplaçant arrive.
On entend parfois dire des évêques qu’ils cumulent trop de pouvoirs - on le dit aussi des prêtres, cf le récent manifeste d’un groupe de chrétiens liégeois pour une “Eglise sans clergé”. Mais quand on les interroge, beaucoup se plaignent d’accumuler trop de responsabilités. Nombreux sont ceux qui vous disent par exemple qu’ils aimeraient passer plus de temps sur le terrain plutôt qu’en réunions… Les récentes crises et scandales qui ont éclaboussé des prêtres et des évêques en France, en Belgique et dans d’autres régions sont des signaux d’alarme. Ne faut-il pas repenser le rôle des évêques dans l’Eglise, et, conjointement, celui des prêtres (curés) ? Leur ministère n’attire pas plus de candidats pour les raisons que l’on sait. J’ajouterai qu’en plus des difficultés inhérentes au ministère presbytéral, la politique actuelle de management de l’évêché calquée sur les entreprises avec évaluation personnelle, rapports de bilans, objectifs ceci ou cela… met une pression supplémentaire sur les épaules des simples curés.
Ceci
dit, il ne faut pas désespérer, car même si on n’a pas de “solution miracle”,
un nombre croissant de fidèles a pris conscience de la nécessité de s’impliquer
dans les fonctions vitales de l’Eglise et des communautés, parfois avec mandat
officiel de l’évêque. Remplaceront-ils un jour les prêtres ? Je ne crois pas,
car leurs vocations ont toujours été complémentaires. Et nécessaires.
Pour
conclure, je me permets encore cette citation d’Aymeric Christensen : “Au
fond, à quoi sert un évêque (un prêtre, ndlr) ? Quelles attentes raisonnables
peut-on placer en lui sans le mettre en échec ? Et comment mieux les
accompagner, pour une gouvernance plus saine ? Dans un entretien récent à La
Vie, [un évêque démissionnaire] disait aspirer désormais à être un évêque libre
: l’expression est révélatrice. Est-ce que nous ne gagnerions pas finalement à
permettre à tous les pasteurs à être non pas ces impossibles hommes-orchestres,
mais d’abord, pleinement eux-mêmes ?” (RCF France, 1-06-2023)
Que
ces mois d’été soient propice à la détente, aux découvertes et aux relations
familiales ou sociales dans un esprit de convivialité toute ‘spirituelle’ !
Bonnes vacances,
Bernard
Pönsgen, curé
La
Messe en Unité Pastorale du 30 juillet à St-Laurent (5ème
dimanche) aura pour thème : “Les prêtres et les desservants de nos
paroisses, en action de grâces pour leur ministère et leur fécondité
spirituelle.” L’équipe qui prépare la célébration demande que tous
ceux qui possèdent des photos des curés (vicaires) qui ont animé leur
paroisse les transmettent sans tarder à M. le curé Pönsgen (curededisonandrimont@outlook.be)
, ainsi que les témoignages ou données biographiques qui les
accompagnent. MERCI !!