150 SAINTE THERESE

 




Ce vendredi 12 mai, ils étaient une soixantaine venus de tous les coins de la région, à se presser dans l'église dédiée à sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, à Ottomont, pour assister à la "Veillée d'intercession, de louange et d'adoration", en l'honneur du 150ème anniversaire de la naissance de Thérèse Martin.













Ce fut un beau moment de ferveur, porté par les chants entraînants ou recueillis, soutenus par le duo Junker, Stéphan et sa fille Marie, qui animaient la prière. Un écran géant permettait de suivre les paroles, agrémenté de belles dias. Le début de la prière consista à prier ensemble le neuvième et dernier jour de la neuvaine.

Après un temps de louanges, le diacre Marc Lemaire fit une très belle présentation solidement documentée de la "petite sainte" et de son itinéraire spirituel et de la pertinence de son message aujourd'hui. [voir en bas de cet article]. Il fut suivi d'un témoignage par le curé de Sainte-Thérèse, Bernard Pönsgen, parlant des "fioretti" qu'il a rencontrés avec la sainte au cours d'un pèlerinage à Lisieux.

Des intercessions et prières de demande furent alors partagées, suivi d'un geste très particulier : l'écriture par chacun d'une "lettre à sainte Thérèse" qui fut déposée sous enveloppe fermée devant l'autel, pendant que le Saint-Sacrement était exposé à l'adoration. 

Après l'adoration, quelques prières d'action de grâce encore, et l'on termina par la bénédiction du Saint-Sacrement avec les prêtres et diacres présents. Chacun était invité à prendre au hasard dans la corbeille une des intentions qui y avaient été déposées avant la veillée, dont beaucoup provenaient de la maison de retraite du Couquemont à Dison. La personne en la prenant s'engageait à prier à cette intention - certainement en la confiant à l'intercession de Thérèse et de Marie honorée en ce mois de mai..

Chacun s'en retourna à la fin chez lui, emportant une rose - symbole des grâces obtenues par celle qui avait promis de "passer son ciel à faire du bien sur la terre". 




Merci à toute l'équipe de préparation, à la décoratrice dont le travail a été admiré, et bonne continuation à chacun en suivant la voie de l'enfance spirituelle inaugurée par notre chère sainte !

QUELQUES VIDEOS (à venir, patience...) :





THERESE DE LISIEUX – Ottomont – 12 mai 2023

PRESENTATION PAR LE DIACRE MARC LEMAIRE



Le célèbre romancier GILBERT CESBRON a écrit une pièce de théâtre intitulée « Briser la statue » à l’intention de ceux auxquels la statue, la réputation et l’idolâtrie « de la petite sœur Thérèse » donneraient aisément la nausée. Et il disait : « J’étais du nombre. Jusqu’au jour où, attelant enfin les bœufs avant la charrue, je me décidai à lire son autobiographie… »

Cette année 2023, l’écrivain JEAN DE SAINT CHERON vient de publier un livre au titre bizarre : « Eloge d’une guerrière :la véritable vocation de Thérèse de Lisieux ». Il y évoque Thérèse comme une guerrière. Aimer son prochain est un combat que Thérèse Martin aura mené sa vie durant en refusant les conventions sociales, l’idée d’un Dieu punisseur et en s’attelant à braver son ego pour réussir, enfin, à aimer véritablement. Telle fut sa vocation. Thérèse de Lisieux a pu saisir et vivre le sens profond du pardon, de l’amour et de la foi. Une révolution spirituelle qui, dit-il,150 ans après sa naissance, vaut à la guerrière qu’elle était le titre de Docteur de l’Eglise.

Je connaissais peu de choses de Thérèse…et je l’ai découvert, sur la route de Lourdes, en faisant étape à Lisieux où j’ai eu l’occasion de la découvrir dans la lecture de son histoire d’une âme et en parcourant le beau musée du Carmel et son évocation à la basilique élevée en son honneur.

Thérèse de Lisieux est considérée comme la petite Thérèse, par opposition à la grande Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel. Elle a souvent été méconnue, objet de mercantilisme et réduite à des formes archaïques de piété. En réalité, cette jeune femme a eu le courage de faire sauter toute l’armature pesante d’une spiritualité qu’on voulait lui imposer, en décidant de suivre son propre chemin, LA VOIE DE L’ENFANCE. L’enfance n’a rien à voir avec l’attitude infantile, mais c’est la confiance envers son propre enfant intérieur et sa propre sensibilité. Et c’était alors l’époque où la spiritualité suintait de peur et d’étroitesse et où l’on était obsédé par ses fautes et ses péchés, d’où l’on cherchait à sortir par un examen de conscience mesquin. Ce fut une tâche considérable. De façon évidente, Thérèse a fait preuve d’une clairvoyance et d’une énergie, pour ne pas se laisser conduire à la laisse par ses maîtres spirituels, en imposant sa propre voie.

L’Eglise d’aujourd’hui doit beaucoup à cette petite sœur en humanité, solidaire de nos luttes et de nos engagements. Mais que serait Thérèse sans l’Eglise, mystère de communion des saints ? Ne voulait-elle pas passer son ciel à faire du bien sur la terre ? Elle continue plus que jamais la mission qu’elle avait sur terre : AIMER JESUS ET LE FAIRE AIMER.

Pour mieux saisir sa figure, je me permets de faire un bref résumé de sa vie qui elle aussi-fut si brève…mais d’une grande intensité.

Elle est née à Alençon en Normandie le 2 janvier 1873…il y a 150 ans et est décédée au Carmel de Lisieux en 1897 à l’âge de 24 ans.

A sa naissance, trois des sœurs de Thérèse étaient déjà entrées au Carmel. Lorsque sa mère mourut, alors que Thérèse était encore très jeune, sa sœur aÎnée,Pauline,remplaça la mère et assura l’éducation de la fillette. Mais Pauline entra à son tour au Carmel. Thérèse tomba malade d’avoir perdu sa sœur. A l’âge de 14 ans, elle demanda aussi à entrer au Carmel. Mais l’évêque et le Pape Léon XIII lui refusèrent cette dispense. Un an plus tard, elle reçut l’autorisation d’y entrer. Thérèse demeura seulement neuf années carmélite. Et ce ne fut pas une vie facile ! Elle écrit en parlant d’elle : « J’ai dû lutter. Je n’étais pas d’une nature souple. Il n’y eut pas un jour, où je n’aurai pas été blessée » Autrefois, il était habituel de mettre à l’épreuve l’obéissance des novices en leur imposant toutes sortes de pratiques stupides. Pourtant en dépit de cette adaptation exté rieure qu’on lui imposait, Thérèse demeura fidèle à sa conscience intérieure. Ainsi au sujet de la question alors controversée de la communion fréquente, elle s’opposa à sa prieure et ne s’en laissa pas détourner, même par obéissance.

Beaucoup croient que Thérèse aurait vécu une spiritualité infantile. Or, sur son lit de mort, elle trouva une grande obscurité. Elle vécut l’athéisme dans son propre corps. Elle traversa la nuit de la foi, la nuit du doute jusqu’à ce que la lumière triomphât en elle. Sa spiritualité en soi n’avait rien d’exceptionnel : Assumer cette vie, dans tout ce qui se présente, dans tout ce que nous ne pouvons pas modifier, et en toute objectivité. Elle la nommait LA PETITE VOIE : simplement faire ce que l’on est en train de faire, donner place à l’amour dans les petites choses de la vie quotidienne ? L’amour était son unique programme. Elle disait : « Ma vocation, c’est l’amour…au cœur de l’Eglise qui est ma mère, je veux être l’amour ». Cela confère à sa spiritualité un aspect d’amabilité, de fraîcheur et d’authenticité. En un temps record, Thérèse est devenue la sainte privilégiée du peuple. En 24années, beaucoup d’hommes et de femmes sont encore fascinés par cette femme et se laissent gagner par son charme et stimuler par son amour du Christ.

Il arrive souvent que des personnes, en recherche spirituelle sérieuse, croient qu’il faille des pratiques compliqués ou des méthodes tout à fait particulières…ou avoir recours à des précis de théologie pointus. Alors qu’il nous suffit de faire de l’amour notre programme. « Aime et fais ce que tu veux » disait déjà Saint Augustin. Thérèse nous redit chaque jour : Aie confiance en l’amour qui t’habite. En toi, l’amour préexiste. Suis la trace de ton amour. Elle te conduira à Dieu. Elle t’ouvrira à tes semblables. Elle te poussera à la vie. Elle te comblera de joie et d’amour.

La mort précoce de Thérèse, ses écrits largement diffusés, sa petite voie de sainteté pour tous, ses nombreux prodiges après sa mort l’ont rendue célèbre. Mais cela n’explique pas son succès ! Voilà certes un signe de l’humour de Dieu qui bouleverse nos façons parfois trop adultes de penser la spiritualité et la théologie… « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages, ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Corinthiens1,27).

Son mystère reste entier, car c’est celui d’une vie donnée, une vie toute simple, criante d’authenticité, qui se résume par ses mots : enfance spirituelle, confiance, espérance, abandon, miséricorde. En ces temps mouvementés, où des jeunes et des adultes aigris s’inquiètent de l’avenir, Thérèse propose la confiance comme antidote. Et elle sait de quoi elle parle, car elle a beaucoup souffert. Elle est proche de nous par l’acceptation de sa faiblesse, par sa nuit de la foi qui l’ouvre au monde des incroyants, par sa façon originale de voir la sainteté. Il s’agit pour elle de se laisser aimer par Jésus, CE MENDIANT DE L’AMOUR et de prendre, comme elle le dit, l’ascenseur de l’amour que sont les bras de Jésus car partir à la découverte de Thérèse, c’est rencontrer le Christ.

J’admire le don d’elle-même dans les petites choses du quotidien, ce désir d’aimer Jésus en ne s’appuyant que sur sa miséricorde, cet abandon joyeux sur une petite voie de confiance, cette folie d’espérer en s’offrant pour le salut des autres, cette volonté d’être l’amour au cœur de l’Eglise, son aspiration aux rêves les plus fous, comme parcourir la terre pour annoncer l’Evangile et témoigner de la miséricorde divine…elle qui n’a jamais quitté les murs et la clôture du carmel de Lisieux.

 

Après avoir été une carmélite obéissante et souvent malade, quelques mois avant sa mort à 24 ans, sentant qu’elle allait partir et qu’elle n’avait pas beaucoup disposé de temps sur cette terre, elle souhaite » revenir sur terre pour faire aimer l’Amour » sinon elle se contentera de « faire tomber sur terre une pluie de roses pour les justes et les pécheurs ». Ce langage fleuri peut désarçonner les esprits desséchés qui parlent un autre langage. Mais le sourire de Thérèse n’a pas cessé de manifester sa bienveillance accueillante même si parfois les épines n’ont pas été enlevées de la pluie de roses…