TOUSSAINT - DEFUNTS

FLEURIR LES CIMETIÈRES, GESTE CHRETIEN POUR SE SOUVENIR



Extrait de “Tribunes chrétiennes” par le Père Benoist de Sinety, diffusée sur 1RCF ce vendredi 3 novembre


En ce venteux et tempétueux 2 novembre, beaucoup sont allés se recueillir et fleurir les tombes de proches aimés. Quelques jours plus tôt, le 20 octobre, la famille de Dominique Bernard, assassiné à Arras par un terroriste islamiste, avait choisi de transfigurer le cimetière de Berneville où est inhumé le professeur de lettres, en y déposant des centaines de fleurs qu’ils avaient reçues lors des funérailles, sur chaque tombe. “C’était tellement magnifique”, rapportait une habitante venue comme chaque semaine prendre un moment là où reposent des êtres chers ; de nombreux médias s'en sont fait l'écho. 

Le geste est beau, il est fort aussi : “Vous avez partagé notre peine, nous voulons partager avec vous ces fleurs” disait alors l'épouse endeuillée. 


Que faisons-nous de nos cimetières ? Que faisons-nous de nos morts ? La mémoire de ceux qui nous ont précédés n’est-elle qu’un souvenir figé et immobile - comme mort lui aussi ? 

Et si nous les évoquons ainsi, le soir, seul à l'abri des regards, s’il nous arrive parfois de pleurer leur absence, voire de hurler dans nos silence la souffrance de ne plus pouvoir les chérir dans nos bras, c'est qu'ils ont imprimé en nous quelque chose de particulier, quelque chose que le temps n'altère pas et que l'absence ne peut faire oublier car nous les avons aimés et nous avons été aimés d’eux et cela ne s'oublie pas. 

Les fleurs n’en sont-elles pas le signe ; et cet amour ne meurt pas puisqu'il est en nous et par nous se transmet. 


Israéliens, palestiniens, ukrainiens, russes, arméniens, azeris, soudanais, congolais et combien d'autres peuples encore en ces jours funestes, s’ensevelissent dans le décompte macabre des victimes de guerres, décrétées et voulues par quelques-uns, et qui n'épargnent personne. On creuse le sol un peu partout sur la terre pour y déposer les victimes de l'injustice et de la violence ; mais ces êtres qu'on enterre, chacun d’eux a pu, même fugacement, ensemencer ce monde par son amour, et se nourrir de l'amour dont il a pu être aimé. 


“Par le petit garçon qui meurt près de sa mère, tandis que les enfants s'amusent au parterre”, chantait Brassens en reprenant la poésie de Francis Jammes. “Par le fils dont la mère a été insultée ; par le malheureux dans les bras dont les bras ne purent s’appuyer sur une amour humaine...“, continuait-il… 


Par toutes ces souffrances qui ouvrent la terre sous nos pieds et qui nous font si souvent chanceler, il nous est dit, murmuré, cette promesse incroyable que rien de ce qui fut aimé ne se perdra ; si nous ne pouvons empêcher l'œuvre de mort, en revanche il nous appartient de ne pas nous y soumettre et de continuer à proclamer dans nos vies combien plus forte et plus certaine est la puissance de l'Amour.

Rien ne saurait nous empêcher de fleurir des cimetières et d'y déposer ainsi le signe d'une espérance que le chrétien sait victorieuse !




chantée par Mireille Mathieu chantée par Georges Brassens



Par le petit garçon qui meurt près de sa mèreTandis que des enfants s'amusent au parterreEt par l'oiseau blessé qui ne sait pas commentSon aile tout à coup s'ensanglante et descendPar la soif et la faim et le délire ardentJe vous salue, Marie
Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentrePar l'âne qui reçoit des coups de pied au ventreEt par l'humiliation de l'innocent châtiéPar la vierge vendue qu'on a déshabilléePar le fils dont la mère a été insultéeJe vous salue, Marie
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poidsS'écrie "mon Dieu !" par le malheureux dont les brasNe purent s'appuyer sur une amour humaineComme la Croix du Fils sur Simon de CyrènePar le cheval tombé sous le chariot qu'il traîneJe vous salue, Marie
Par les quatre horizons qui crucifient le mondePar tous ceux dont la chair se déchire ou succombePar ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mainsPar le malade que l'on opère et qui geintEt par le juste mis au rang des assassinsJe vous salue, Marie
Par la mère apprenant que son fils est guériPar l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nidPar l'herbe qui a soif et recueille l'ondéePar le baiser perdu par l'amour redonnéEt par le mendiant retrouvant sa monnaieJe vous salue, Marie