Un dimanche animé à Sainte-Thérèse

Des enfants en nombre pour cette «messe des familles»

Des chaises «tournantes», pour former quatre larges cercles; un brouhaha dans toute l'église Sainte Thérèse, à Ottomont, au moment des échanges qui ont remplacé l'homélie hebdomadaire; des enfants présents en nombre; une chorale bien en voix, et une assistance où toutes les paroisses de l'unité pastorale étaient représentées: la «messe des familles» tenue en ce cinquième dimanche du premier mois de 2023, a été des plus animées.

Chacune et chacun est reparti, au terme de cette messe un peu hors du commun, non sans avoir participé à la récolte de fonds de la Fondation Damien, consacrée à la lutte contre la lèpre, avec des images, des sons, ou l'impression laissée par un des témoignages donnés au cours de la partie d'échanges.

Une belle réalisation, à mettre à l'actif de l'équipe de Sainte-Thérèse, sur laquelle nous revenons en images...

Le mot d'accueil de Christian Delvenne




Des chaises disposées en rond, pour favoriser les échanges





Francis Heeren en pleine explication
Sonia et François Gaillard dans leur partage d'expérience
                                                              
Flore Delvenne devant des auditeurs attentifs

Edouardo Scheppers en plein plaidoyer



Pas de messe animée sans une chorale bien en voix







Et déjà les remerciements par Christian Delvenne

 NOUVELLES DE LA COMMUNAUTE – 29/01/2023

 

Ce W-E :

 

Dimanche 29 janvier : 10h, Ste Thérèse (MESSE DES FAMILLES) - pas d'autre messe ce w-e (5è dimanche). C’est aussi la JOURNEE MONDIALE DES LEPREUX : merci de faire bon accueil aux vendeurs de marqueurs à la sortie de la messe (opération Damien).

 

Le W-E prochain :

Samedi 04 février : 17h, St Roch

                                     18h, St Jean-Baptiste

Dimanche 05 février : 9h30, St Fiacre

                                        10h45, St Laurent

 

Décès :   Nous recommandons à vos prières :

 

-     Monsieur Jacques PLOM (78 ans) ; les funérailles auront lieu à St Fiacre mardi 31 à 13h30.

-     Monsieur Alphonse GASPAR (84 ans), époux de Mme Roselyne LEYSTEN, funérailles à St Fiacre mercredi 1 février à 10h.

 

 

AGENDA :

 

-     Mardi 31 janvier : 9h, messe à la chapelle de St Fiacre suivie de l’adoration.

 

-     Jeudi 2 février : Fête de la Présentation de Jésus au Temple (chandeleur) : une messe sera célébrée à 18h en l’église St Antoine de Verviers avec bénédiction des cierges.

 

-     Vendredi 3 février : 19h à 21h, église St Joseph : rencontre-célébration « Verviers Ardent » pour tous les jeunes du doyenné et d’ailleurs ! 

 

Voyage du pape François en RDC et au Sud Soudan

Programmation spéciale sur KTO à l’occasion de la visite apostolique en RDC et au Sud Soudan Du 31 janvier au 5 février le Pape se rendra en RDC et au Sud Soudan, face à la violence et aux pauvretés. Flash du 30/01 au 05/02 à 20h .Portons ce voyage dans la prière

 

Journées Mondiales de la jeunesse :


 

-     Une soirée d’information pour les jeunes 18-30 ans du diocèse a eu lieu vendredi au séminaire de Liège pour préparer les JMJ 2023 à Lisbonne (Portugal) au mois d’août ; une soixantaine de jeunes et d’accompagnateurs étaient présents. 3 ou 4 jeunes de notre unité du Sacré-Cœur sont également concernés : Nous sommes à la recherche de parrains donateurs ou de sponsors pour les aider à amortir le prix du voyage. Merci de vous signaler si vous voulez les soutenir financièrement et spirituellement par la prière pour vivre cette expérience extraordinaire.

 

 

 

 

BON DIMANCHE À TOUS ET TOUTES ! Et n’oubliez pas de consulter notre blog pour de plus amples informations : https://upastorale-sacrecoeurdison.blogspot.com/

29 JANVIER 2023 - HOMELIE

  Fier ? De quoi ? (4è dimanche ord A)

 Je voudrais vous parler de Clairette. À 86 ans, elle s’est éteinte en quelques jours sans déranger personne. Elle avait passé toute sa vie en institution pour personnes déficientes intellectuellement, puis en maison de retraite.

Clairette était de ces personnes apparemment inutiles... 

Cela rejoint bien les lectures d’aujourd’hui. En particulier l’Evangile où Jésus proclame heureux les pauvres de cœur. [...]

Lisez la suite en cliquant sur l'onglet "Homélies" ou sur ce lien !

 “NOUS MARCHONS VERS LA GUERRE COMME DES SOMNAMBULES” PAR HENRI GUAINO

 (pour lire l'article, cliquez sur ce lien)

Héritier spirituel du général De Gaulle, Henri Guaino, dans une Tribune libre parue dans ''Le figaro'', jette sur la guerre en Ukraine un regard qui tranche avec les glapissements guerriers qui saturent pratiquement tout l’espace médiatique. Une voix originale, qui sonne comme un avertissement, et qu’il m’a semblé utile de partager ici avec vous. Ni pacifiste bêlant, ni va-t-en-guerre, son discours a de quoi interpeller et réveiller les consciences !


Un beau moment de prière en commun



La neige a sans doute limité le nombre de participant(e)s à la prière œcuménique qui s'est déroulée ce dimanche en début de soirée au temple de Hodimont. Une cinquantaine de personnes était néanmoins présentes pour ce moment de méditation en commun, illustré notamment par une présentation, par la pasteure Françoise Nimal, des chrétiens du Minnesota, lesquels, comme indiqué, avaient choisi comme thème une citation du début du livre d'Esaïe: «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice»
Une citation d'actualité dans cet État des États-Unis, où la communauté noire, très nombreuse, a été marquée par la mort de Georges Floyd, tué par un policier blanc, le 25 mai 2020. Les images de son agonie ont frappé d'horreur le monde entier. Et pourtant, les chrétiens du Minnesota, a signalé Françoise Nimal, ont vu apparaître une église... réservée aux suprémacistes blancs. Bien peu en ligne avec Esaïe...

Témoignages

D'autres témoignages ont illustré le thème. La situation dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) a été évoquée, où un attentat meurtrier, revendiqué par le groupe État Islamique, a fait 13 morts et plus de 60 blessés parmi une communauté de la Communauté des églises de Pentecôte en Afrique centrale, qui célébraient un baptême ce jour-là. Ce drame a été évoqué par les médias du monde, comme, de temps à autre, les exactions du M23, toujours dans l'est de la RDC. Mais beaucoup de morts restent anonymes, soit victimes de bandes armées, soit des «creuseurs», c'est-à-dire ces mineurs artisanaux qui extraient du sol coltan, lithium, cuivre, manganèse, et nickel. Tous ces métaux précieux sont nécessaires aux batteries de nos smartphones et de nos voitures électriques. Mais ceux qui les extraient, sans les moindres conditions de sécurité élémentaires, ne perçoivent que des salaires de misères. Des tas de gens, là aussi, œuvrent pour une société plus juste, comme le Dr Mukwege, Prix Nobel de la Paix en 2018, surnommé «L'homme qui répare les femmes» par un documentaire qui lui a été consacré. Depuis 1999, dans son hôpital de Panzi, il accueille les femmes violées ou atrocement mutilées, pour les soigner et leur rendre leur dignité. Et puis il y a ces anonymes, au sein d'ONG, qui enseignent des techniques d'agriculture plus efficaces, comment gérer un budget, ou qui créent des mutuelles de santé, ou réclament des élections transparentes et honnêtes. Au-delà du soutien à toutes ces associations, la prière de l'assemblée a appelé à une conversion des esprits.


Un autre témoignage, lu par la pasteure Heike Sonnen, car la personne qui devait le délivrer n'avait pas pu rallier Verviers, était celle du Camerounaise émigrée en Allemagne, et confrontée à la nécessité de faire toujours la preuve de ses compétences, sans doute en raison de la couleur de sa peau. Mère de famille, elle voit ses enfants confrontés aujourd'hui à une double «ségrégation»: toujours considérés comme des étrangers dans le pays où ils sont nés, ils se heurtent à la même incompréhension, quand ils visitent le pays de leur mère. Là aussi, on les voit plutôt comme des étrangers. L'appel, là, était à un monde où chacun se sente accueilli.

Des petits problèmes de micro n'ont pas empêché l'assemblée de s'unir dans une prière commune, avec une pensée spéciale pour Stanis Kanda, le doyen de Verviers, absent pour raisons de santé et le chant final, entamé en chœur (cf. ci-dessous) par les pasteures Françoise Nimal et Heike Sonne, le père Freddy Matongo, le père Emmanuel Karasavidis, et Bernard Pönsgen, curé de Dison. 

Puis chacun a replongé dans la froidure ambiante, non sans avoir partagé quelques biscuits et quelques jus de fruits pour prolonger une ambiance fraternelle qui faisait chaud au cœur.

La semaine de prière pour l'unité des chrétiens se prolonge jusqu'à ce mercredi.



UNITE DES CHRETIENS - INVITATION

 

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – 2023

RECONNAISSANCE MUTUELLE ET ENGAGEMENT

Le 22 avril 2001, les membres de la Conférence des Églises européennes et le Conseil des conférences épiscopales d’Europe signaient la Charte oecuménique, qui les engageaient à travailler à l’unité visible des chrétiens, à éviter toute concurrence, à rejeter tous préjugés mais aussi à dialoguer avec les religions non chrétiennes.

En 2002, la Concertation des Églises chrétiennes de la province de Liège qui regroupe des représentants des Églises orthodoxes, protestantes (EPUB), anglicanes, syriaques auxquels se joignit par la suite l’Armée du Salut, faisait sienne ce document qui continue à régir son activité.

En janvier 2023, après tant de richesses partagées durant ces 20 années, la Concertation souhaite relancer une invitation à la rejoindre auprès de tous les membres des Églises qui voudraient s’impliquer dans le dialogue fraternel et la reconnaissance mutuelle, à titre personnel ou communautaire : et comment mieux le faire sinon en partageant la prière et l’écoute de la Parole de Dieu ?

Une veillée de prière a eu lieu vendredi dernier 20 janvier à la cathédrale de Liège ; lors de cette célébration, les participants qui le souhaitaient ont été invités à signer cette charte, soit à titre personnel pour manifester leur engagement, soit en tant que représentant d’une Église afin de manifester l’engagement de celle-ci.

En cliquant sur ces liens, vous pourrez télécharger un résumé de la charte,  signer l'engagement personnel et l'envoyer par courriel à la Commission diocésaine pour l’Œcuménisme ( oecumenisme@evechedeliege.be ).

Pour notre doyenné, le grand moment d’unité est prévu le dimanche 22 janvier à 18h00 au Temple Protestant de Hodimont, Montagne de l’Invasion 8 à Verviers. Nous y partagerons ensemble une célébration œcuménique avec nos soeurs et frères des différentes confessions présentes à Verviers.

Si vous ne savez pas partager ce moment sur place avec nous, les lectures utilisées seront l’Epître aux Ephésiens 2, 13-22 et l’Evangile de Matthieu 25, 31-40. Vous pourrez ainsi prier avec nous et nous ferons unité par la prière.

Rappelons que la célébration du 22 janvier s’inscrit dans les activités de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui a lieu, comme chaque année, entre le 18 et le 25 janvier.

Cette année, ce sont des chrétiens du Minnesota aux États-Unis qui ont choisi comme thème une citation du début du livre d’Isaïe : Apprenez à faire le bien, recherchez la justice. Vous pouvez télécharger la brochure de prière en cliquant sur ce lien.

Pour plus d’informations et de piste de réflexion vous pouvez vous rendre sur le site internet : https://www.oikoumene.org/fr. Vous cliquez sur le titre « Documentation ».


HOMELIE 3è DIM ORD A - "Quels sont nos capharnaüms ?" (Semaine de l'Unité des Chrétiens)

 

"Jésus quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaum." (Mt 4,12)

Capharnaüm : ce nom évoque pour nous en général quelque chose comme un bazar, la chambre d’un adolescent, n’est-ce pas ?  « Va ranger ton capharnaüm ! »


.......C’est un peu de cela qu’il s’agit quand Matthieu relie cette ville au nom bizarre à la prophétie d’Isaïe pour expliquer le choix de Jésus de descendre en Galilée pour commencer sa mission : La Galilée, c'était cela : le "carrefour des païens". Il s'agit d'une région où se mêlent les religions et les ethnies : Juifs, Cananéens, Grecs, Phéniciens, etc.  La Galilée, c'était toute une histoire, vieille de plusieurs siècles. Une histoire d'invasions, de brassage de peuples, de races, de religions... les Juifs qui habitaient là, n'étaient pas des Juifs de race pure, de religion pure, de bonnes mœurs. C'étaient des "sang-mêlés". On les prenait un peu pour des bâtards. Ils étaient méprisés pour cela.

Or, c'est là que Jésus inaugure sa mission. Non pas à Jérusalem, la ville sainte, capitale religieuse historique, mais à Capharnaüm, au cœur même de cette Galilée carrefour des nations, où il y avait une garnison romaine, du commerce, où l'on était à la frontière avec les territoires païens. Cela est certainement plein de signification pour nous, disciples du Christ et chrétiens du 21è siècle ! Le pape François n’invite-t-il pas régulièrement les catholiques à sortir de leur tour d’ivoire pour aller vers les « périphéries » ?

Nous sommes en plein dans la semaine mondiale de prière pour l’unité des chrétiens. Quelle chance ! Les lectures d’aujourd’hui sont adaptées au thème de ce dimanche : l’unité des différentes communautés chrétiennes. Cet enjeu est fondamental, il en va du témoignage même de l’Eglise en tant que porteuse du Christ qui ne peut être divisé. « Que tous soient uns, afin que le monde croie que Tu m’as envoyé » a prié Jésus avant de mourir (Jn 17,21). Ce n’est pas quelque chose de facultatif, esthétique, mais de proprement essentiel, qui fait partie de la nature même de l’Eglise voulue par Dieu à son image. 

On voit dans la lettre aux Corinthiens (2ème lecture) que le germe de la division existait déjà dans les premières communautés chrétiennes. Il y avait des prédicateurs qui se prenaient pour des vedettes parce qu’ils parlaient bien et beaucoup, comme Apollos, et qui attiraient beaucoup de croyants. Cela provoquait des tensions et des divisions. « Moi, je suis pour un tel, et moi pour tel autre… » au point que Paul a dû mettre les points sur les « i ».  (C’est cela qui avait d’ailleurs choqué les Africains et les Asiatiques quand les missionnaires européens étaient venus annoncer chez eux la Bonne Nouvelle : ils voyaient plusieurs Eglises et Temples se faire concurrence alors qu’ils prêchaient le même Dieu.)

Pour des raisons historiques, souvent aussi politiques mais surtout liées à la suffisance orgueilleuse et au manque de dialogue des responsables religieux, l’Eglise s’est divisée au fil des siècles en un caléidoscope de confessions particulières opposées les unes aux autres. Les schismes n’ont pas manqué entre l’Orient et l’Occident, et à l’intérieur même des grandes familles religieuses se réclamant toutes du Christ et des Apôtres :

Catholiques latins, nestoriens, chaldéens, syro-malabars, arméniens, coptes, syriaques, syro-malankars, orthodoxes grecs, orthodoxes russes, melchites, vaudois, hussites tchèques, protestants luthériens, calvinistes, presbytériens, anabaptistes, mennonites, amish, congrégationalistes de l’Eglise Unie du Christ, saints des derniers jours (mormons), adventistes du septième jour, antoinistes, méthodistes, évangélistes, anglicans traditionnels, anglicans libéraux, vieux-catholiques, levèbvristes (fraternité St Pie X), etc. : On pourrait certes les comparer à un « capharnaüm » !

Progressivement, dans plusieurs de ces Eglises a grandi la conviction qu’il fallait essayer de se rapprocher des autres confessions. Il y a eu plusieurs tentatives dans l’histoire, qui n’ont pas toujours réussi surtout quand elles étaient dictées par des motifs politiques. Des conciles s’y sont attelés entre le 13è et le 16è siècle, sans guère plus de succès. Le mouvement œcuménique contemporain est différent de ces tentatives : il est né à l’initiative des chrétiens eux-mêmes au début du 20è siècle, dans un tout autre contexte où notamment les Eglises étaient plus indépendantes de pouvoirs politiques mais aussi plus conscientes du témoignage qu’elles avaient à apporter dans un monde gagné par l’incroyance.

Depuis 1948, cet effort d’unité est porté par le Conseil Œcuménique des Eglises (COE), dont l’idée d’une instance rassemblant des représentants de toutes les communautés ecclésiales sur le modèle de la « société des nations » (aujourd’hui, l’O.N.U.) avait été lancée en 1920 par le patriarcat de Constantinople. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens, du 18 au 25 janvier (fête de la conversion de saint Paul, l’apôtre des païens), lancée déjà en 1908 à l’initiative d’un prêtre anglican, a connu une nouvelle impulsion à partir de 1935 lorsque l’abbé Paul Couturier la réorienta vers une prière de tous les chrétiens pour « l’unité que le Christ veut par les moyens qu’il veut ». (Auparavant, elle était surtout axée sur le « retour » des autres confessions dans l’Eglise catholique).

Le concile Vatican II - et les belges – (comme Dom Lambert Baudouin, Suenens, Kerkhofs…) ont joué un rôle important dans le développement de la perspective œcuménique. La reconnaissance mutuelle du baptême chez les Eglises sœurs et dans une certaine mesure celle de l’eucharistie et des ministères (le ‘BEM’, Lima 1982) a constitué un pas décisif, après la levée des excommunications du passé. Désormais, nous sommes dans une communion déjà existante, mais pas encore complète, qui nous permet de nous donner les uns aux autres le beau nom de frères et sœurs chrétiens.

Le dialogue théologique est arrivé à ce point où l’on a fait à peu près tous les progrès, toutes les avancées possibles vers une convergence dogmatique et disciplinaire. Comme le soulignait le diacre Luc Mahiels, désormais l’unité passe davantage par la reconnaissance les unes par les autres des visages et charismes propres des différentes Eglises, façonnés par l’histoire et les cultures, dans toute leur richesse.


Jésus, en s’installant à Capharnaüm, choisit de plonger au cœur de la mêlée des ethnies, des cultures et des valeurs. Le juif Jésus descendant de David ne va pas se réfugier dans sa judaïté (le Temple) : il expose plutôt sa foi sur la place publique, au carrefour des nations, là où se croisent les hommes…  Cela annonce déjà l'Eglise, dès le commencement à la croisée des cultures...

 N'aurions-nous pas besoin aujourd'hui de sortir de notre "ville sainte" pour faire comme Jésus et "habiter le carrefour des nations" ? Il s'agit en effet pour l’Eglise de planter sa tente à un endroit où les peuples se rencontrent, se mélangent. Il s'agit d'aller habiter dans un monde dit ‘impur’, méprisé par ceux qui se disent les ‘vrais’ croyants...

"Habiter la Galilée", aujourd'hui, c'est ne pas avoir peur de se compromettre et d'être partenaire avec ceux qui viennent d'ailleurs, d'autres traditions philosophiques et religieuses, et vouloir façonner avec eux un monde nouveau. Cela peut aller des mouvements d'entraide et de solidarité, des ONG, de la Croix-Rouge, d'ATD Quart-Monde, aux milieux militants pour la préservation de l’environnement ; des clubs sportifs aux réseaux sociaux ; des festivals de musique au dialogue interreligieux... L'essentiel est d'aller là où les hommes se rencontrent, pour que de ces carrefours émerge une possibilité de vivre ensemble en paix, rassemblés en une seule famille humaine, selon le sens que le disciple Jean a donné à la vie du Christ : « le Christ est mort afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). 

Et alors nos capharnaüms, de nos chaos obscurs émergeront des lieux de consolation et de beauté ! Le nom de Capharnaüm suggère cela : la ville de la consolation, ou de la beauté (de l'hébreu « Kfar Nahum », Kfar, le village et Nahum la compassion, la consolation. C’est littéralement le « village du Consolateur ».

Quitter nos univers de privilèges pour rejoindre ceux qui sont plus bas, habiter les carrefours où les hommes se rencontrent, y apporter consolation et beauté... sans réduire l’autre à soi-même : l’évangile de ce dimanche décrit ainsi notre mission aujourd’hui à la suite du Christ. Ainsi se réalisera la demande pressante de Jésus : « Que tous soient un… afin que le monde croie ».

Une seule foi sous plusieurs toits


Ce mercredi s'ouvre la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Une brochure éditée par le Comité interecclésial de Bruxelles a diffusé à cette occasion une brochure proposant divers textes «pour cette semaine et pour toute l'année 2023». Avec une citation en exergue: «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice» (Ésaïe 1, 17). Cette semaine sera marquée par une journée œcuménique programmée ce dimanche 22 janvier, à 18 heures, au temple de Verviers-Hodimont.
Mais que peut-on entendre par «unité des chrétiens»? Et comment réunir des personnes qui ne se connaissent pas? Dans cet esprit, nous avons approché les différentes communautés chrétiennes de Verviers. Aux pasteures protestantes Françoise Nimal (Verviers-Hodimont) et Heike Sonnen (Verviers-Laoureux et Spa), au pasteur protestant de l'Église chrétienne évangélique de Verviers-Harmonie, Samuel Evans, et au recteur de la paroisse orthodoxe de la Dormition de la Mère de Dieu, Emmanouil Karasavidis, nous avons posé les mêmes questions:

  • Quelles relations existent déjà entre votre communauté et les autres communautés chrétiennes de Verviers et environs?
  • Peut-on envisager une unité plus grande à l'avenir? Sous quelle forme?
  • L'Église catholique romaine souffre d'un manque de vocations et voit la pratique religieuse se raréfier. En va-t-il de même pour votre communauté?
Pour chacun(e) de nos interlocuteur(trices), la question initiale portait sur la présentation de leur communauté.

Une tradition réformée « libérale et démocratique»

« À Verviers, il y a deux paroisses protestantes membres de l’Église protestante unie de Belgique, celle de Hodimont, où je suis pasteure, et celle de la rue Laoureux. Historiquement, elles sont issues de courants un peu différents. Les origines de l’’Église de Hodimont remontent à la Réforme. Le premier procès-verbal du Consistoire de l’Église Réformée de Hodimont et Petit-Rechain est daté du 5 mars 1634 !», explique Françoise Nimal. «Elle est liée à la tradition dite "libérale" : le libéralisme protestant (à ne pas confondre avec un courant politique) est un courant qui se caractérise par une approche assez libre et critique de l’Ecriture, et une certaine méfiance à l’égard des affirmations doctrinales et du dogmatisme»«Nous sommes "dans la tradition de la Réforme", multitudinistes (on accueille tout le monde, et ouverts», conclut la pasteure de Verviers-Hodimont
«Nous nous inscrivons dans la tradition réformée de Jean Calvin, qui a proposé une organisation beaucoup plus démocratique des paroisses que Martin Luther, dont le modèle était calqué sur celui de l'Église catholique» confirme Heike Sonnen. «Nous avons toujours ce modèle d'organisation: tout se fait de manière collégiale. Le pasteur ou la pasteure se tient au milieu des anciens au sein du consistoire. Et nous avons un troisième groupe, celui des diacres, qui pratiquent l'amour du prochain». À Spa, dont la pasteure de Verviers-Laoureux a aussi la charge, «il y a un petit groupe de fidèles de tradition plus évangélique, qui souhaitent un moments de prière libre pendant le culte»

Spa, où le protestantisme s'est implanté à l'époque du développement du thermalisme, pour les curistes relevant de ce culte, signale au passage Heike Sonnen. 

«Ne pas mettre tous les évangéliques dans le même sac»

Samuel Evans: «ne pas mettre tout le monde dans le même sac»

Du côté de Verviers-Harmonie, le pasteur, Samuel Evans, estime «qu'il serait dommage que des personnes qui en auraient besoin ne fassent pas le pas de franchir la porte d'une église évangélique à cause de ce qu'elles auraient entendu dans les médias sur les évangéliques en général et sur les évangéliques aux États-Unis en particulier».
De manière peut-être un peu provocatrice, nous lui avions demandé si sa paroisse ne souffrait pas de l'image des évangéliques américains, de leur réputation de conservatisme, et de leur soutien assez large à l'ex-président Donald Trump. «Pour l'instant nous n'avons pas fait face à ce problème», balaie Samuel Evans, «mais il est clair que ça pourrait être un obstacle pour quelqu'un qui se poserait des questions sur la foi. Toutefois, tous les chrétiens évangéliques américains ne sont pas à mettre dans le même sac et il ne faut pas écouter que des gens qui ont les mêmes idées que nous».

«Pour les Grecs, mais pas rien que pour eux»

Emmnaouil Karasavidis, de son côté, tient à préciser que la paroisse de la Dormition de la Mère de Dieu «accueille sans doute de nombreux fidèles grecs, mais elle est ouverte à tout le monde. Et nous accueillons d'ailleurs des fidèles qui ne sont pas grecs. Le culte s'y célèbre d'ailleurs en grec et en français, et tout le monde peut y participer»
La guerre en Ukraine, précédée par le revirement de l'Église ukrainienne qui n'a plus reconnu la primauté du patriarcat de Moscou au bénéfice du patriarcat de Constantinople, divise le monde orthodoxe, «mais pas à Verviers, où il n'y a pas pas de fidèles orthodoxes qui relèvent du patriarcat de Moscou» ajoute Emmanouil Karasavidis. «Je sais qu'une église, à Seraing, relève du patriarcat de Moscou, mais les fidèles du Laveu, à Liège, qui relèvent du patriarcat de Constantinople, continuent à fréquenter leur église». 
On sait aussi le pape François et Bartholomée, le patriarche de Constantinople très proches, «et c'est bien qu'ils se rencontrent et participent à des cérémonies communes. Cela peut-il conduire plus loin? Cela dépendra de la volonté de Dieu...»

Quelles relations entre les communautés chrétiennes?

  • «Aux environs des années 60-70, nous participions à des études bibliques œcuméniques, avec entre autres l'Armée du Salut et l'église protestante de la rue Laoureux. Nous faisons partie d'un réseau d'églises qui s'appelle les Assemblées de Dieu Francophones de Belgique (ADFB), qui compte une trentaine d'églises en Belgique francophones et qui organise, entre autre,  tous les ans une convention de Pentecôte, où chacun est bienvenu, et il n'est pas rare d'y voir des chrétiens d'autres réseaux d'églises. Les ADFB font partie du Conseil Administratif du Culte Protestant et évangélique, qui lui même fait partie du Synode fédéral. Nous avons également de bonnes relations avec plusieurs églises de la région, et même au-delà, notamment l'église protestante baptiste de Malmedy: nos enfants et ados vont aux camps qu'ils organisent et nous organisons ensemble une rencontre pour les ados deux fois par mois. Lors des inondations de juillet 2021, des chrétiens de toute la Belgique, y compris d'autres réseaux d'églises, sont venus jusqu'ici, de Charleroi, d'Anvers, de Bruxelles... pour apporter des vivres et du matériel de première nécessité et des appareils électro-ménagers, pour que nous puissions aider les sinistrés. Nous avons aussi organisé en juillet 2022, sous l'égide des ADFB, 4 samedis de concerts/d'annonce de la bonne nouvelle pour lesquels nous avons envoyé un mail d'invitation à plusieurs responsables chrétiens de Verviers et alentours, y compris catholiques et orthodoxes. Des chrétiens sont venus d'églises protestantes évangéliques de toute la Belgique pour ces 4 samedis». (Samuel Evans)

  • « Sur Verviers, nous avons de bonnes relations avec les communautés catholique et orthodoxe (et avec l’Armée du Salut, tant que le poste existait encore), et il y a de belles occasions de partage : la semaine de l’Unité (la célébration œcuménique mais aussi des échanges de chaire et une conférence culturelle, cette année le 18 janvier avec Jean-Yves Buron comme invité), les célébrations patriotiques (le 11 novembre mais aussi la participation protestante au Te Deum du 21 juillet) et d’autres occasions comme la célébration de la Flamme de la Paix. Il existe aussi un petit groupe de "chrétiens en transition", qui rassemble des catholiques et des protestants autour des enjeux climatiques». (Françoise Nimal)
  • Heike Sonnen: «des parcours spirituels très individuels»

    «Je suis personnellement très favorable à la diversité. De plus en plus, dans notre société, je rencontre des gens avec des parcours spirituels très individuels, et au plus on est divers, au plus on a de capacité à rencontrer leurs besoins. Ainsi, si, à Verviers-Laoureux, on reste dans une forme assez classique; à Spa, on a une petite communauté qui va vers l'autre: quand il y a eu une vague de réfugiés iraniens, on a traduit le culte en farsi. Et on a même eu six baptêmes d'adultes une année. Récemment, on a pris contact avec les réfugiés ukrainiens: à partir de ce samedi, ils vont célébrer leur culte orthodoxe deux fois par mois dans notre temple spadois»
    (Heike Sonnen) 
    «Nous avons de temps en temps des cérémonies communes avec les autres communautés chrétiennes de Verviers et environs, mais le plus souvent, ces célébrations réunissent les catholiques et les protestants. Mais quand il y a la semaine chrétienne pour l'unité, ou une manifestation commune, dans la mesure du possible, nous tenons à être nous aussi présents» (Emmanouil Karasavidis)

Une unité plus grande à l'avenir? Sous quelle forme?

  • « Mon expérience personnelle, c'est qu'au plus on avance vers l'essentiel, vers le pur spirituel, la rencontre avec Dieu, au plus les différences s'effacent. Au plus on se concentre sur le Christ, dans une attitude de bienveillance, de compassion, d'amour universel, au plus on est dans une attitude de non-jugement, qui exclut de se considérer au-dessus des autres. Et puis il y a des moments importants, où on se prononce ensemble, sous la dénomination chrétienne. Par exemple, après les inondations catastrophiques de 2021, il y a une lettre ouverte commune de toutes Églises chrétiennes de la région de Liège, pour interpeller les autorités en faveur des sinistrés. Cette lettre a été lue dans nos églises et temples à l'occasion du 11 novembre, et les autorités se sont vraiment senties concernées. Plusieurs échos me l'ont confirmé par la suite». (Heike Sonnen)
  • Françoise Nimal rêve d'un cycle d'études bibliques en commun

    «On peut toujours faire plus et mieux ! Mais ce qui est bien, c’est qu’à Verviers les choses restent fort conviviales et informelles. Par exemple on va travailler sur tel ou tel projet commun ponctuel (comme le "circuit des crèches"  en décembre) sans nécessairement avec une "concertation œcuménique" qui se réunit périodiquement, comme ça se fait à Liège ou Bruxelles. Pour ma part, je rêverais d’un cycle d’études bibliques en commun, par exemple une fois par mois…»
    . (Françoise Nimal)
  • Le déménagement de l'église orthodoxe de la rue de Limbourg reste à réaliser

    «Je ne vois pas
    a priori comment on pourrait améliorer la tradition qui existe déjà en région verviétoise et la semaine de l'unité. Il est vrai par ailleurs qu'une église catholique nous est destinée, mais le déménagement de notre église de la rue de Limbourg n'a pas encore eu lieu, car il reste des éléments de procédure à finaliser» (Emmanouil Karasavidis)
  • «Nous pouvons envisager de prier ensemble pour la région et le pays, ou d'organiser des événements qui donneraient envie de croire, des projections de films, des projets d'aides aux démunis, aux réfugiés, d'alphabétisation etc...» (Samuel Evans)

Crise des vocations et raréfaction de la pratique religieuse?

  • « La raréfaction de la pratique religieuse est une tendance lourde qui touche également le protestantisme. Le christianisme en Europe est sans doute un peu "has been"… La sécularisation est bien là ! La crise sanitaire a eu un impact très visible, aussi. De plus en plus de chercheurs explorent cette question, tant du point de vue catholique que protestant. Ayons confiance que nous saurons nous renouveler pour continuer à annoncer l’Évangile de façon pertinente pour les générations présentes et futures ! Par contre, la crise des vocations est moindre, pour des raisons sans doute liées à une plus grande ouverture : il y a des femmes pasteures (et donc, de fait, on ne se prive pas d’emblée de la moitié des appelé-e-s possibles !), on peut être pasteur-e et marié-e (en couple hétéro- ou homosexuel), vivre une vraie vie de famille: ça rend le ministère moins… disons,…austère et sacrificiel. Mais surtout, il n’y a pas de statut à part. Comme disait Luther, le ministère pastoral est un métier (pas un sacerdoce !). Sortir d’une logique "cléricale" serait certainement une bonne chose pour l’Église catholique (ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des amies catholiques belges mais aussi française, très impliquées dans l’Église)» (Françoise Nimal) 
  • «Dans nos églises aussi, si nous conservons la deuxième génération (immigrée), la troisième, elle, n'est plus présente. Sauf à l'occasion de certaines célébrations, lors de la commémoration des défunts, lors des grands fêtes, Noël ou Pâques, ou dans des moments de faiblesse quand ils cherchent des recours, on retrouve alors des jeunes parmi nos assemblées». (Emmanouil Karasavidis)
  • «À nouveau, c'est une analyse personnelle: j'ai le sentiment qu'on a perdu le contact avec cette génération numérique, qui a grandi dans un univers très matérialiste, sans connaître de grande crise - moi non plus d'ailleurs - et qui, de manière générale, ne ressent plus le besoin d'une recherche profonde de sens, ou de spirituel. Cette génération rejette toute forme d'enseignement dans un sens moralisateur. Comme si entrer dans l'Église, c'était abandonner son cerveau! Et du coup, Dieu n'est plus dans leur expérience de la vie quotidienne. J'ai suivi l'école des rites, avec Gabriel Ringlet. Basée sur l'idée qu'il faut des rites pour accompagner la vie. Mais la question fondamentale, pour lui, est "est-ce que pour vous, il y a quelqu'un de plus grand que vous?" Si la réponse est positive, on peut travailler ensemble... Sur le plan des vocations, c'est vrai que les protestants ont des femmes pasteures. À long terme, pur un jeune, voir une structure dont la moitié de l'humanité, les femmes, est exclue, cela peut être démotivant. Mais cela ne suffit pas à résoudre la question de la baisse de la pratique religieuse» (Heike Sonnen)